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Répression et contre-offensive : comment le régime algérien répond à la colère sociale

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Après une large adhésion des Algériens à la campagne « Manich Radi » sur les réseaux sociaux, appelant à un changement politique et à davantage de justice sociale, les autorités algériennes ont réagi avec une inquiétude croissante. Fidèles à leur stratégie de contre-attaque, elles ont lancé une campagne concurrente intitulée « Ana Maâ Bladi » (Je suis avec mon pays), visant à discréditer ce mouvement et à l’assimiler à un complot contre la nation.

Cette bataille numérique a intensifié les échanges sur les réseaux sociaux, notamment avec l'émergence du hashtag #أنا_مع_بلادي (Je suis avec mon pays), en opposition aux campagnes militantes marquées par les hashtags #مانيش_خايف (Je n’ai pas peur) et #مانيش_راضي (Je ne suis pas satisfait). Ces derniers dénoncent les conditions de vie difficiles et appellent à des réformes politiques. Selon plusieurs analystes, le hashtag #أنا_مع_بلادي bénéficie d'un soutien direct des autorités, qui tentent de contrer les revendications citoyennes en invoquant des « menaces extérieures » pour justifier leur position.

Cette campagne pro-régime a été principalement relayée par des pages anonymes, bien plus que par des individus, ce qui alimente les spéculations sur son origine. Certains y voient une stratégie orchestrée par le pouvoir pour détourner l'attention des problèmes internes et discréditer les mouvements sociaux. En parallèle, des théories du complot circulent, accusant des « forces étrangères » de manipuler la situation pour déclencher un « printemps arabe » en Algérie.

Malgré cette polarisation, des voix nuancées ont émergé pour souligner que critiquer les conditions de vie ne signifie pas rejeter l'unité nationale. D'autres, cependant, se contentent de défendre le régime ou d'idéaliser la situation actuelle, en alignant leurs arguments sur la campagne #أنا_مع_بلادي.

Le journaliste d'opposition Oualid Kebir estime que le succès de #مانيش_راضي reflète un profond mécontentement face à la détérioration des conditions économiques et politiques en Algérie. Il rappelle que, depuis le Hirak de 2019, le régime continue de réprimer les libertés et d’aggraver les pressions économiques, contribuant à alimenter la colère sociale.

Enfin, cette dynamique traduit un regain de mobilisation populaire, après une période d'accalmie. Face à cette contestation croissante, les autorités tentent de recentrer le débat sur la « sécurité nationale », une stratégie qui semble pourtant insuffisante pour contenir l’ampleur du mécontentement citoyen.

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