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Inquiétante montée de la faim dans le monde : un record de 295 millions de personnes touchées en 2024

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L’année 2024 a été marquée par un nouveau record alarmant : 295 millions de personnes, réparties dans 53 pays, ont été confrontées à l’insécurité alimentaire aiguë et à la malnutrition infantile sévère, selon le Rapport mondial sur les crises alimentaires publié en cette fin de semaine. Un chiffre en constante augmentation depuis six ans, qui reflète l’impact dévastateur des conflits, des chocs économiques, du changement climatique et des déplacements forcés. Les perspectives pour 2025 s’annoncent sombres, alors que l’aide internationale connaît un recul inquiétant.

Malgré quelques signes d’amélioration en Afghanistan ou au Kenya, la détérioration de la situation au Soudan, à Gaza ou encore en Birmanie masque tout progrès global. Le Secrétaire général des Nations Unies, António Guterres, a qualifié ce rapport de « nouveau témoignage sans complaisance d’un monde qui a dangereusement dévié de sa trajectoire ».

Gaza, Soudan, Haïti… des foyers de famine imminente
Parmi les 295 millions de personnes touchées, près de 1,9 million étaient en situation d’urgence extrême, exposées au risque imminent de famine — du jamais vu depuis le lancement du rapport en 2016. Ces populations se trouvent principalement dans la bande de Gaza, au Soudan, au Mali, au Soudan du Sud et en Haïti.

À Gaza, plus de 1,1 million de personnes — soit la moitié de la population — ont été menacées de famine entre mars et avril 2024. Au Soudan, la population en phase 5 de l’insécurité alimentaire (famine ou risque de famine) est passée de zéro en 2023 à plus de 755 000 en 2024.

Au Soudan du Sud, 80 000 personnes ont été confrontées à une situation catastrophique durant la période de soudure (avril-juillet), tandis qu’au Mali, 2 600 personnes, principalement dans la région de Ménaka, ont été identifiées en situation de crise. En Haïti, 5 600 déplacés internes de Port-au-Prince ont également fait face à une faim extrême.

Une réalité quotidienne pour des millions d’enfants
La crise touche de plein fouet les enfants : près de 38 millions d’entre eux, âgés de moins de cinq ans, souffraient de malnutrition aiguë dans 26 zones particulièrement vulnérables. La bande de Gaza, le Yémen, le Mali et le Soudan figurent parmi les territoires les plus touchés.

« L’insécurité alimentaire aiguë n’est pas qu’une crise ponctuelle. C’est une réalité quotidienne pour des millions de personnes, en majorité vivant en zones rurales », a déclaré Qu Dongyu, Directeur général de la FAO. Catherine Russell, Directrice générale de l’UNICEF, a, quant à elle, rappelé que dans un monde d’abondance, il est « inexcusable » que des enfants souffrent de la faim ou meurent de malnutrition.

Les conflits, moteur principal de la faim
Le rapport met en évidence que les conflits demeurent le principal facteur d’insécurité alimentaire, affectant 140 millions de personnes dans 20 pays. Par ailleurs, près de 95 millions de déplacés vivaient dans des pays en crise alimentaire, comme la RDC, le Soudan ou la Syrie.

Les chocs économiques — notamment l’inflation et la dévaluation des monnaies locales — ont également contribué à la crise dans 15 pays, touchant 60 millions de personnes, soit le double d’avant la pandémie.

Quelques améliorations grâce à l’aide humanitaire
Malgré ce tableau sombre, des efforts ciblés ont permis d’améliorer la situation dans une quinzaine de pays, dont l’Afghanistan, le Guatemala, le Kenya ou encore l’Ukraine, grâce à l’aide humanitaire et à des actions d’agriculture d’urgence.

Cependant, António Guterres a tiré la sonnette d’alarme sur la réduction drastique des financements. « Les crises persistantes sont aujourd’hui aggravées par une nouvelle menace : la chute brutale des fonds humanitaires. Ce n’est pas seulement un échec systémique, c’est un échec de l’humanité. La faim au XXIe siècle est indéfendable. »

2025 : des tensions grandissantes et des risques accrus
Pour 2025, le rapport prévoit une aggravation de la situation en raison de la multiplication des conflits, de l’instabilité géopolitique, de la volatilité économique et des coupes dans les financements. Des pays comme la RDC ou Haïti sont déjà confrontés à une insécurité alimentaire croissante.

Le document met également en garde contre les « chocs économiques » à venir — hausse des tarifs douaniers, affaiblissement du dollar, flambée des prix — qui pourraient perturber les chaînes d’approvisionnement et rendre les denrées alimentaires inaccessibles pour des millions de personnes.

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