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L'ADD accusée de favoritisme en accordant un marché de 120 millions de dirhams à une société "incompétente" pour organiser "GITEX Afrique 2025" (document)

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Le Maroc s'apprête à accueillir en 2025 l'un des événements les plus attendus à l’échelle continentale : « GITEX Africa 2025 ». Avec un budget de 120 millions de dirhams (soit 12 milliards de centimes), ce projet ambitieux a suscité une véritable effervescence au sein des entreprises spécialisées dans l’événementiel.

Les sociétés d'événementiel ont accusé l'Agence de Développement du Digital (ADD), en charge de la procédure, de favoriser une société prétendument « sans expérience ». Ce climat de méfiance a conduit à l'annulation de l'appel d'offres, donnant lieu à une multitude de spéculations et de conjectures, rendant difficile la recherche de la vérité.

Les prémices de cette affaire remontent au 22 août 2024, lorsque l'ADD, sous la tutelle du Ministère de la Transition Numérique et de la Réforme Administrative, lance un appel d'offres ouvert pour l'aménagement des espaces dédiés au « GITEX Africa 2025 », prévu pour se dérouler du 14 au 17 avril 2025. Cet événement, d'une ampleur sans précédent sur le continent africain, s'annonce comme le point d'orgue des efforts numériques du Royaume, renforcés par la récente présentation de la stratégie numérique du Maroc à l'horizon 2030, lancée officiellement à peine un mois avant cet appel d'offres. Ce cadre stratégique, destiné à positionner le secteur numérique comme un levier essentiel d'investissement et de croissance, vise à faire de « GITEX Africa 2025 » une vitrine de premier plan.

Cet appel d'offres a vu la participation de cinq candidats : « Two Ways », « Rimcom Groupe », « Avant Scen », « TLS Groupe » et « Nouveau Homo Sapiens ». Cependant, à l'issue des premières étapes de sélection, menées par une commission pluridisciplinaire composée de représentants de l'ADD, du Ministère de la transition numérique et du Ministère des finances, seuls les dossiers de « Two Ways » ont pu être pris en compte. Les autres soumissionnaires ont été automatiquement éliminés en raison de l’absence de documents exigés ou d’une non-conformité des signatures électroniques, conformément aux exigences de la dématérialisation des marchés publics. En outre, les propositions techniques et financières des autres candidats n’ont jamais été accessibles, restant verrouillées et cryptées sur la plateforme des marchés publics.

Malgré les rumeurs et accusations relayées par les concurrents évincés, prétendant que le marché aurait été attribué à une entreprise jugée « incapable » d’organiser un événement de l’envergure de « GITEX Africa », en l’occurrence « Two Ways », aucune attribution n’a été formalisée par la commission. L’appel d’offres a en réalité été annulé, coïncidant avec les remarques formulées par le comité organisateur de « GITEX Global » lors de rencontres à Dubaï en octobre 2024. En effet, à l'occasion de « GITEX 2024 », auquel participait une délégation marocaine composée de responsables gouvernementaux et d'institutions, y compris de l'ADD, des modifications logistiques ont été exigées par les organisateurs internationaux concernant l’édition africaine.

En réponse à ces nouvelles exigences, et en raison des ajustements techniques requis par le cahier des charges de « GITEX Africa 2025 », l’ADD a pris la décision d’annuler l’appel d’offres le 16 octobre 2024. Cette annulation, loin d’être le résultat d’un dysfonctionnement interne, s’explique par la nécessité d'adapter l'organisation de l’événement aux nouvelles directives techniques.

Malgré cette annulation, un nouvel appel d’offres est prévu pour être relancé dans les plus brefs délais, étant donné que « GITEX Africa 2025 » se tiendra dans moins de six mois. Le Maroc doit donc entamer rapidement les préparatifs pour accueillir les milliers de participants attendus pour la troisième édition de ce salon technologique, désormais considéré comme le plus grand en Afrique.

Cette affaire, marquée par des allégations d’attribution douteuse et des critiques virulentes à l’encontre de l’ADD, a contribué à placer le secteur numérique au cœur du débat public. Avec l’adoption de la stratégie numérique du Maroc à l’horizon 2030, laquelle prévoit la création de 250 000 emplois et une enveloppe budgétaire de 11 milliards de dirhams, le secteur numérique marocain est désormais perçu comme un véritable moteur d’attraction pour les entreprises, aussi bien nationales qu'internationales.

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