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Abdellatif Jouahri, Wali de Bank Al-Maghrib, a mis en lumière les raisons derrière la divergence des prévisions concernant la récolte céréalière attendue pour l’année prochaine. Selon lui, cette discordance découle de l’approche adoptée par le gouvernement, qui s’appuie sur les hypothèses formulées par le ministère de l’Agriculture, basées sur la moyenne des cinq dernières campagnes céréalières. Cette divergence d’approche soulève des questions sur la méthodologie et les perspectives économiques qui en découlent.
En effet, la Banque centrale estime la production céréalière à venir à 50 millions de quintaux, une projection qui reflète la tendance observée lors des cinq dernières années. De son côté, le gouvernement, dans le cadre du projet de loi de finances pour 2025, affiche des ambitions plus élevées, tablant sur une récolte atteignant les 70 millions de quintaux. Une différence notable qui, au-delà des chiffres, traduit des visions distinctes de l’avenir agricole du pays et de sa dépendance aux aléas climatiques.
Lors d’une conférence de presse organisée à l’issue de la quatrième et dernière réunion du Conseil de Bank Al-Maghrib pour l’année 2024, Jouahri a souligné l’importance des précipitations dans la révision de ces prévisions. Selon lui, des pluies abondantes, particulièrement au cours des mois cruciaux de février et mars, pourraient profondément remanier les scénarios envisagés. Cela illustre combien l’agriculture marocaine reste tributaire des caprices du climat, une contrainte qui appelle à des stratégies de gestion des ressources hydriques et des innovations agricoles pour renforcer la résilience du secteur.
Jouahri a également insisté sur la nature hypothétique des chiffres avancés, tant par Bank Al-Maghrib que par le gouvernement. "Les prévisions ne sont rien d’autre que des outils d’analyse et d’anticipation, elles ne peuvent être prises comme des certitudes absolues", a-t-il affirmé. Il a rappelé que toute décision stratégique repose sur des hypothèses solides, soulignant ainsi l’importance d’une réflexion rigoureuse et d’une concertation accrue entre les institutions concernées.
Ce débat met en exergue des enjeux cruciaux pour le Maroc, où l’agriculture joue un rôle central dans l’économie et la sécurité alimentaire. Il pose également la question des marges de manœuvre disponibles pour réduire la dépendance aux facteurs climatiques, que ce soit par l’investissement dans les infrastructures hydriques, la diversification des cultures ou le recours accru aux technologies agricoles modernes.