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Rabat : Afghanistan trace sa voie vers la finance islamique

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Dans un cadre de redéfinition profonde de ses priorités économiques et diplomatiques, l’Afghanistan amorce une nouvelle stratégie d’ouverture depuis Rabat. Sous la conduite de Nur Ahmad Agha, gouverneur de la Banque centrale, une délégation officielle afghane prend part cette semaine au sommet annuel des services financiers islamiques, un événement de haut niveau organisé par Bank Al-Maghrib, en partenariat avec l’Islamic Financial Services Board (IFSB).

Ce rendez-vous d’envergure, qui réunit les principales banques centrales des pays membres de l’Organisation de la coopération islamique (OCI), traite des thématiques majeures : transparence bancaire, stabilité financière, finance durable et, surtout, expansion des modèles islamiques alternatifs aux systèmes bancaires classiques. Pour l’Afghanistan, cette présence n’est pas seulement symbolique : elle marque une volonté claire de poser les jalons d’un nouvel ordre financier national, aligné sur les normes internationales de la charia.

Dans un communiqué relayé par l’agence de presse afghane, Kaboul qualifie cette participation de « tournant stratégique ». Le pays, longtemps dépendant d’un système bancaire précaire et marginalisé des circuits internationaux, entend aujourd’hui se reconnecter au monde islamique par la finance, tout en développant des mécanismes de financement éthiques et inclusifs pour sa population. Dans l’intention de stimuler l’investissement, renforcer la confiance, et étendre l’inclusion financière, notamment dans les zones rurales.

Le royaume chérifien, pays hôte du forum, se positionne comme un laboratoire majeur de la finance islamique malgré des défis structurels persistants. Confronté à une fragmentation juridique, à un déficit de standardisation et à l’absence d’un marché interbancaire dédié, le royaume chérifien a néanmoins su impulser une dynamique forte autour de la finance participative, avec le développement des banques islamiques, des sukuks et des assurances Takaful. Cette avancée suscite un vif intérêt du côté afghan, qui cherche à s’appuyer sur un cadre réglementaire solide et à bâtir une architecture financière autonome.

La présence de Nur Ahmad Agha à ville de lumière pourrait également réactiver les canaux de coopération entre institutions financières islamiques de référence, dont certaines pourraient jouer un rôle de conseil ou d’investissement dans la mise-en-œuvre de produits financiers islamiques en Afghanistan. L’émergence d’un secteur structuré offrirait une alternative crédible à l’économie informelle, tout en attirant des capitaux des pays du Golfe et d’Asie du Sud.

En choisissant de faire entendre sa voix à Rabat, l’Afghanistan envoie un signal fort : celui d’un pays qui, malgré l’instabilité, veut bâtir son avenir sur des fondations économiques compatibles avec sa culture, ses valeurs et son environnement régional. Dans un monde où la finance islamique représente déjà plus de 4 000 milliards de dollars d’actifs, la marche de Kaboul vers ce modèle n’est pas une simple ambition — c’est une nécessité stratégique.

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