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Nicolas Sarkozy face à la justice : Accusations de financement libyen de sa campagne de 2007

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L'ancien président français Nicolas Sarkozy se trouve à nouveau confronté à des difficultés judiciaires. Ce lundi 6 janvier 2025, il comparait devant le tribunal de Paris, accompagné de trois anciens ministres, pour répondre des accusations de financement illégal de sa campagne présidentielle de 2007 par le défunt dirigeant libyen Mouammar Kadhafi.

Le président, qui a dirigé la France de 2007 à 2012 et qui a aujourd'hui 69 ans, assistera à l'ouverture de son procès à 13h30. Son entourage affirme qu'il est "déterminé" à prouver son innocence dans cette affaire qu'il qualifie de "mensonge" depuis longtemps.

L'affaire remonte à la fin de 2005, lorsque Sarkozy était ministre de l'Intérieur. Il est accusé, avec l'aide de ses proches, dont son directeur de cabinet Claude Guéant et l'ancien ministre Brice Hortefeux, d'avoir conclu un "pacte de corruption" avec le colonel Kadhafi, renversé par une révolution soutenue par l'OTAN en 2011, afin de financer sa campagne présidentielle.

Sarkozy est jugé pour corruption, détournement de fonds publics, financement illégal de campagne et appartenance à une organisation criminelle. Il risque dix ans de prison, une amende de 375 000 euros et une privation de ses droits civiques pendant cinq ans, l'empêchant ainsi de se présenter à de futures élections.

Il s'agit de la cinquième fois en cinq ans que Sarkozy se retrouve devant la justice. Il a déjà été condamné en première instance et en appel à un an de prison, dont six mois avec sursis, pour avoir dépassé le plafond des dépenses lors de sa campagne présidentielle de 2012, affaire connue sous le nom de "Bygmalion". Il a fait appel devant la Cour de cassation.

Dans l'affaire des "écoutes", impliquant un accord de corruption avec un haut magistrat, son pourvoi a été rejeté en décembre dernier, confirmant sa condamnation à un an de prison avec bracelet électronique. Il n'a pas encore porté ce bracelet, ce qui lui a permis de passer des vacances aux Seychelles avec son épouse, Carla Bruni, et leur fille.

Le procès débutera par l'appel des 12 accusés, parties civiles et témoins, avant d'aborder les questions de procédure durant la première semaine. Les audiences auront lieu les lundis, mercredis et jeudis après-midi jusqu'au 10 avril. Sarkozy prévoit d'assister à toutes les séances du premier mois, consacré aux soupçons de financement, avant que le procès ne s'intéresse aux autres aspects de l'affaire.

Son avocat, Christophe Ingrain, déclare que Sarkozy "s'opposera aux allégations fabriquées par l'accusation", ajoutant qu'"aucun financement libyen n'a été reçu pour la campagne".

L'accusation soutient que l'accord avec Kadhafi a été scellé à l'automne 2005 à Tripoli, dans la tente du leader libyen, connu pour sa générosité envers ses visiteurs étrangers. À l'époque, Sarkozy, très ambitieux, visait l'Élysée. Officiellement, sa visite concernait l'immigration illégale.

Bien que le montant précis du financement suspecté reste flou, les juges d'instruction sont convaincus de l'existence de ce soutien financier après dix ans d'enquête, s'appuyant notamment sur les déclarations de sept anciens responsables libyens, des visites discrètes de Guéant et Hortefeux en Libye, des transferts suspects, et des notes du ministre libyen du Pétrole, Choukri Ghanem, retrouvé mort dans le Danube en 2012.

En échange de ce financement, les enquêteurs pensent que Kadhafi a obtenu un rehaussement de son image mondiale, matérialisé par l'accueil chaleureux que lui a réservé Sarkozy à Paris peu après son élection, ainsi que par la signature de contrats majeurs et une assistance juridique pour Abdallah Senoussi, chef des renseignements libyens, condamné à perpétuité en France pour son rôle dans l'attentat contre un DC-10 d'UTA en 1989, qui a coûté la vie à 170 personnes, dont 54 Français.

Environ vingt proches des victimes se sont portés parties civiles dans cette affaire. Parmi les accusés figurent l'ancien ministre du Budget et trésorier de campagne de Sarkozy, Éric Woerth, et deux négociateurs chevronnés, l'homme d'affaires franco-algérien Alexandre Djouhri et le franco-libanais Ziad Takieddine, réfugié au Liban.

Des transferts totalisant six millions d'euros de la part des autorités libyennes ont été découverts sur l'un des comptes de Takieddine, qui a aussi mentionné des "valises" remises à Claude Guéant, contenant de "grosses sommes d'argent".

Philippe Bouchez El-Ghozi, avocat de Guéant, a dénoncé une "série d'allégations et de suppositions approximatives".

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