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Actuellement, l'exploitation des stations de dessalement d'eau de mer connaît un boom sans précédent sous l'effet de la réduction des coûts et de l'augmentation du stress hydrique dans plusieurs régions du monde. Un domaine qui voit de nouveaux acteurs émerger sur le marché concurrençant les promoteurs traditionnels.
En effet, L’industrie du dessalement d’eau de mer connaît une croissance de l’ordre de 6% à 12% annuellement et elle se porte mieux que jamais, a indiqué Marc-Antoine Eyl-Mazzega, le directeur du Centre énergie et climat de l’Institut français des relations internationales (IFRI), lors d’une conférence sur la géopolitique du dessalement d’eau de mer organisée par le Policy Center for the New South (PCNS).
Une industrie qui ne se limite plus aux pays du Moyen Orient mais qui s’étend sur d’autres pays du globe dont la Méditerranée qui connait aussi un stress hydrique lié au changement climatique et à d’autres enjeux géoéconomiques et géopolitiques.
Selon une étude de 2022, il existait près de 22.000 usines de dessalement d’eau de mer opérationnelles dans le monde, soit environ le double par rapport à dix ans auparavant. Le Moyen-Orient représente plus de 50% des capacités globales installées et la demande ne fait qu’augmenter un peu partout sur le globe.
Cette tendance est tirée par le stress hydrique qui s’aggrave un peu partout. Les Nations-Unies estiment qu’en 2025, deux tiers de la population mondiale seront impactés par ce phénomène et pour cause la raréfaction de l’eau due à de nombreuses causes dont principalement le changement climatique, l’agriculture intensive et la croissance démographique.
Le coût varie entre 0,5 dollar/m3 pour les grandes usines à 1,25 dollar/m3 pour les petites usines. La station de Soreq II (200 Mm3/an) en Israël réussit même l’exploit d’un coût au mètre cube d’eau de 0,32 dollar, grâce aux avancées technologiques, comme le montre le rapport sur la géopolitique du dessalement d’eau publié par l’Ifri en septembre 2022.
Néanmoins ces pays du Moyen-Orient continuent d’y investir massivement, leurs capacités devront également doubler, selon les chiffres du rapport de l’Ifri. En Arabie Saoudite, on passera de 5,6 Mm3 en 2022 à 8,5 Mm3 en 2025, pour couvrir 90% de la consommation en eau du pays.
Les auteurs du rapport notent que des pays qui bénéficiaient auparavant d’un apport riche en eau douce se tournent de plus en plus vers le dessalement. Le Maroc en est un exemple puisqu’il devra tripler ses capacités à l’horizon 2030 avec plus d'une vingtaine de stations permettant de produire près de 1,3 milliard de m3 d’eau par an, destinée à différents usages.
Actuellement, le Royaume compte 11 stations de dessalement d’eau de mer en service. Sept autres stations sont en cours de réalisation. Neuf autres unités sont programmées à l’horizon 2030. D’autre part, l’hydrogène auquel on prédit un apport plus important dans le mix énergétique dans le futur, va également augmenter le besoin en eau et devra drainer de nouveaux investissements dans le dessalement.
Tout l'enjeu est de profiter de ce plan ambitieux pour installer une industrie locale et passer de stade de marché attrayant pour les leaders mondiaux à acteur majeur dans l'industrie comme c'est le cas pour d'autres pays comme Israël. "Il y a un développement de technologie avec de l'expertise marocaine qui devraient s'agrandir de plus en plus et qui nous amène à voir qu'il y a un rôle à jouer au niveau de la région notamment du bassin méditerranéen", explique Mounia Boucetta, Senior Fellow at the Policy Center for the New South.
ML