Albares : Les relations entre Rabat et Washington n'affecteront pas la souveraineté sur Ceuta et Melilla
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José Manuel Albares, ministre des Affaires étrangères, de l'Union européenne et de la coopération espagnol, a affirmé que les relations entre le Maroc et les États-Unis "n'ont aucune incidence" sur le statut des enclaves occupées de Ceuta et Melilla.
Lors d'une interview, il a réagi aux inquiétudes croissantes concernant la possibilité d'une récupération par le Maroc de ces deux villes occupées, suite au retour de Donald Trump à la Maison-Blanche. Albares a souligné que "les bonnes relations entre l'Amérique et Rabat n'auront aucun impact négatif sur l'Espagne en ce qui concerne Ceuta et Melilla".
Le ministre espagnol a insisté, dans un entretien avec la chaîne "Telecinco", sur le fait qu'"il ne peut y avoir aucun impact négatif", soulignant que le Maroc est un "pays ami et partenaire stratégique" et que les États-Unis ont historiquement été l'allié naturel de tous les Européens. Il a ajouté que les deux villes "sont totalement intégrées à l'Espagne, et cela est évident pour tout le monde".
Albares a qualifié le débat autour d'une "nouvelle marche verte" du Maroc pour récupérer Ceuta et Melilla de "stérile", expliquant que, selon le journal El Faro de Ceuta, "il n'y a aucune inquiétude dans les villes", et que la classe politique locale n'a pas abordé ce sujet, ce qui suggère que des acteurs extérieurs poussent à relancer cette polémique à des fins particulières.
Le ministre a salué la coopération entre Madrid et Rabat dans la lutte contre l'immigration illégale et le terrorisme, ainsi que la réalisation d'un record historique dans les échanges commerciaux, atteignant les 25 milliards d'euros. Il a aussi souligné la réouverture des douanes à Melilla et l'inauguration d'un nouveau poste douanier à Ceuta, conformément à l'accord avec Rabat.
Ces déclarations interviennent dans un contexte où plusieurs médias espagnols, dont El Español, ont suscité un large débat en soulignant les préoccupations croissantes au sein des cercles militaires et sécuritaires concernant la possibilité que Donald Trump adopte une position similaire à celle prise en 2020, où il avait reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara occidental, mais cette fois-ci en ce qui concerne Ceuta et Melilla.
Le journal El Español a publié, le dimanche 23 février 2025, un rapport titré "Crainte à Ceuta et Melilla d'une nouvelle marche verte du Maroc, soutenue par Trump pour envahir les deux villes". Le retour de Trump à la Maison-Blanche, selon l'article, ne représente pas une bonne nouvelle pour les cercles militaires et sécuritaires espagnols, en particulier pour Ceuta et Melilla, en raison de son alliance avec le roi Mohammed VI.
À l'inverse, le même journal considère le retour de Trump comme "une opportunité pour le Maroc", qui espère amener le président américain à honorer sa promesse d'ouvrir un consulat au Sahara marocain, après avoir reconnu sa souveraineté sur cette région en 2020, dans le cadre d'un renforcement de la coopération militaire entre les deux pays.
Tandis que les politiciens et les institutions dans les deux villes occupées évitent de faire des déclarations publiques sur ce sujet, préférant se concentrer sur des questions plus urgentes, comme l'ouverture des douanes commerciales, les cercles militaires et sécuritaires vivent une inquiétude croissante. Ils redoutent que les bonnes relations entre l'administration Trump et le Maroc n'affectent la sécurité de Ceuta et Melilla. Ils rappellent, à cet égard, que ces deux villes ne bénéficient pas de la protection du parapluie de l'OTAN.
Ces cercles s'inquiètent également, selon le journal, de la possibilité d'une "nouvelle marche verte soutenue par Trump", en référence à la célèbre marche verte organisée par le Maroc il y a 50 ans pour libérer les provinces du sud du colonialisme espagnol.
L'inquiétude parmi ces cercles militaires et sécuritaires a été renforcée par les déclarations du président américain sur son intention de prendre le contrôle du Groenland et du canal de Panama, ainsi que son objectif de mettre fin à la guerre en Ukraine, considérées comme des éléments "non rassurants", qui rendent possibles de nombreux scénarios en politique internationale.