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Sénégal: cinq ministres de Macky Sall renvoyés devant une cour spéciale

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L’Assemblée nationale du Sénégal a adopté jeudi soir des résolutions renvoyant cinq ministres de l’ex-président Macky Sall devant une cour spéciale pour notamment des détournements d’un fonds anti-Covid, lors d’une procédure rare dans ce pays d’Afrique de l’Ouest.

Le président du Sénégal Bassirou Diomaye Faye, élu en mars 2024, a promis de lutter contre la corruption, et son régime a lancé plusieurs enquêtes contre des responsables de l’administration précédente, celle de l’ex-président Macky Sall (2012-2024). Les faits reprochés à ces cinq ex-ministres sont survenus entre 2020 et 2021.

Les cinq ex-ministres concernés au moment des faits sont Amadou Mansour Faye (Développement communautaire), également beau-frère de l’ex-président, Aïssatou Sophie Gladima (Mines), Moustapha Diop (Développement industriel), Salimata Diop (Femmes) et Ismaïla Madior Fall (Justice).

Le premier dossier examiné par les députés est celui de Moustapha Diop sur qui « pèsent des présomptions graves de détournements de deniers publics », selon un rapport parlementaire du Sénégal.

Il lui est reproché des dépenses de 2,5 milliards de francs CFA (38 millions DH) en liquide, « une violation » des règles comptables, selon un rapport parlementaire.

Le ministre Faye est quant à lui soupçonné de « complicité de détournement de deniers publics » après des dépenses d’un « surplus global de 2,7 milliards de FCFA » (41 millions de dirhams) dans des achats de riz.

Son ex-collègue, Mme Gladima, doit de son côté justifier plus de 193 millions de CFA (294.200 euros) dépensés pour la construction d’un « centre gravimétrique pour les orpailleurs impactés » par le Covid.

Ismaïla Madior Fall est lui mis en cause pour « corruption et concussion » après des accusations d’un promoteur immobilier. Ce dernier affirme qu’il lui a demandé 250 millions de FCFA (381.120 euros) pour lui attribuer un marché. Le promoteur assure avoir versé « un acompte de 50 millions » sur cette somme, avant l’annulation du marché conclu, ce que M. Fall a démenti.

De son côté, Salimata Diop doit justifier de dépenses de plus de 57 millions de FCFA (87.000 euros).

Les cinq projets de résolution de mise en accusation des cinq ministres, lus en plénière, ont tous préconisé leur renvoi devant la Haute cour de justice.

Cette juridiction spéciale, présidée par le président de la Cour suprême, est habilitée à juger les présidents et membres du gouvernement pour des délits et crimes commis dans l’exercice de leurs fonctions.

Surfacturations

Ces poursuites contre d’anciens ministres dans l’exercice de leurs fonctions doivent être autorisées par les députés, et leurs dossiers ont été transmis à l’Assemblée par le ministère de la Justice.

Plusieurs personnalités, parmi lesquelles des artistes, animateurs, stylistes ou des hauts fonctionnaires, ont ces derniers jours été interrogés au Sénégal dans le cadre des enquêtes sur le fonds antiCovid.

L’opposition dénonce une « chasse aux sorcières » et un « acharnement » contre l’ancien pouvoir.

Le fonds antiCovid, d’un montant de 1.000 milliards de francs CFA (1,5 milliard d’euros), financé par l’Etat sénégalais et des bailleurs, était notamment destiné à renforcer le système sanitaire, à soutenir les ménages et le secteur privé et à maintenir les emplois, dans ce pays ouest-africain démuni.

Dans un rapport d’audit publié en décembre 2022, la Cour des comptes a relevé des irrégularités dans la gestion de ce fonds, liées à des surfacturations à hauteur de 2,7 milliards de francs CFA (4,1 millions d’euros) dans l’achat de riz destiné aux ménages défavorisés, et d’un montant de 42 millions de francs CFA (environ 64.000 euros) pour l’acquisition de gel hydro-alcoolique.

Une majorité de 3/5ème des 165 membres de l’Assemblée est requise pour l’adoption de chaque projet de résolution.

Après le vote des résolutions de mise en accusation, les ministres doivent, le cas échéant, être auditionnés par la commission d’instruction de la Haute Cour qui décidera de leur renvoi ou non en procès devant cette juridiction dont les décisions ne sont pas susceptibles d’appels.

AFP

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