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France-Maroc : la présidence du groupe d’amitié attribuée au RN à l’Assemblée nationale

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Une présidence obtenue grâce au voix des macronistes, dénonce la gauche. Selon un député, cette victoire du RN est un signal fort et lui offre une plus grande repectabilité, car le Maroc est à la fois un « grand pays de diplomatie et de développement économique », avec une « forte diaspora » et un acteur « important dans la lutte contre l’immigration ».

A chaque législature, les députés se répartissent les présidences de quelque 150 groupes d’amitié qui rassemblent des élus ayant un intérêt pour un pays étranger ou une région. Et si lors des précédentes législatures, les groupes s’étaient mis d’accord, cette année, l’Assemblée est plus fracturée que jamais et les groupes n’ont pas réussi à « s’entendre sur 19 pays« , regrette auprès de l’AFP la vice-présidente Nadège Abomangoli (LFI), en charge d’organiser ces consultations.

Faute d’accord, pour la première fois, c’est le bureau, plus haute instance exécutive de la chambre basse, où la gauche est désormais majoritaire, qui devrait selon elle trancher, éventuellement au cours d’une réunion mercredi. Bien qu’aucune disposition dans le règlement ne le mentionne, le Bureau a historiquement la mission d’agréer la liste de ces groupes et leur présidence.

Si nombre de ces groupes d’amitié « vivent peu« , l’attribution de certains pays revêt « un enjeu symbolique » fort à l’Assemblée, souligne le député socialiste Arthur Delaporte.

Fin novembre, une première réunion avait permis aux groupes de se répartir 95 pays selon leurs poids dans l’hémicycle.

« Un cirque »
Lundi 9 décembre, après trois heures de discussions, le second round de négociations a cependant tourné au vinaigre, selon des participants interrogés par l’AFP. « C’était un cirque », raconte l’un d’eux. « Clairement, nous étions dans un duel entre macronistes et insoumis ».

Hasard ou non ? Les deux groupes Ensemble pour la République (EPR) et LFI avaient établi la même liste de pays prioritaires: le Liban, le Sénégal et les Etats-Unis. Selon plusieurs sources, les macronistes n’ont rien voulu négocier, et poussé pour aller à un vote, tandis que les insoumis ne faisaient que répéter qu’in fine le Bureau, avec sa majorité à gauche, trancherait.

Les groupes du Nouveau Front populaire ont finalement accepté le principe d’un vote indicatif, « pour voir s’il permettait d’aboutir à quelque chose d’équilibré », explique à l’AFP Bastien Lachaud, le représentant des insoumis dans ces négociations. Mais aucun des pays prioritaires listés par les écologistes et les insoumis ne leur ont été attribués à l’issue de celui-ci.

Lors de ce vote indicatif, le groupe EPR a lui remporté les très disputés Liban, Sénégal et Etats-Unis. Et le Maroc, ultime priorité des écologistes, soutenue par les autres groupes du NFP, a été remporté par le RN. Pour M. Lachaud et l’écologiste Sabrina Sebaihi, seul un accord entre le RN et le groupe macroniste peut expliquer cette issue.

Une accusation balayée par le député EPR Mathieu Lefèvre en charge des négociations: notre « groupe ne négocie en aucun cas avec le Rassemblement national pour l’obtention des groupes d’amitié ni pour quoi ce que soit d’autre« .

« Un signal fort » pour le RN
« Pour le Maroc, oui EPR a soutenu » lors du vote, explique de son côté l’entourage de Marine Le Pen, mais qui dément « tout accord sur des pays », soulignant « avoir voté pour une répartition équitable en fonction des intérêts des uns et des autres ». Selon cette source, « ce serait un signal fort d’obtenir le Maroc », car il est à la fois un « grand pays de diplomatie et de développement économique », avec une « forte diaspora » et un acteur « important dans la lutte contre l’immigration ».

Marine Le Pen a mené en personne les négociations, preuve de l’importance de ces groupes d’amitié pour la cheffe des députés RN. A l’issue du vote indicatif, le groupe a également obtenu la Turquie, le Royaume-Uni et l’Italie. De grands pays qui participent à montrer que le Rassemblement national peut être un parti de gouvernement. C’est « finalement peut-être l’enjeu le plus important » de cette bataille, souligne un député.

Dotés d’un budget, les groupes organisent surtout des réceptions d’élus au Palais Bourbon, ou des missions au sein du pays, qui permettent de développer une diplomatie parlementaire.

Parmi les autres pays scrutés, le MoDem a obtenu, lors du vote, la Palestine, et Israël est revenu aux macronistes. Mais toutes ces attributions restent hypothétiques, alors que ce vote était simplement consultatif.

AFP

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