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Le rapport publié le 29 novembre 2024 par Crisis Group, intitulé « La gestion des tensions entre l'Algérie et le Maroc », se veut une analyse approfondie des dynamiques complexes entre les deux nations nord-africaines. Cependant, son contenu révèle de nombreux biais et omissions qui remettent en question sa crédibilité et son impartialité.
Une prémisse biaisée
Lahcen Haddad souligne que le rapport démarre sur une hypothèse erronée selon laquelle la position du Maroc sur le Sahara occidental serait motivée par un supposé projet de restauration du « Maroc impérial ». Cette lecture simpliste ignore les racines historiques du conflit et les efforts de développement engagés par le Maroc dans cette région, tout en minimisant le rôle de l'Algérie dans l'exacerbation des tensions. Sous le règne de Mohammed VI, le Maroc a investi massivement dans les infrastructures, les énergies renouvelables et les services sociaux au Sahara, des initiatives visant à promouvoir la stabilité et la croissance. Pourtant, le rapport les qualifie à tort de « pressions », trahissant une lecture orientée.
Une présentation partiale de l’Algérie
L’analyse de Lahcen Haddad met également en lumière la manière dont le rapport présente l’Algérie comme une victime et un acteur régional bienveillant. Cela fait fi de son lourd passé militaire et de ses stratégies déstabilisatrices. Le soutien actif de l'Algérie au Front Polisario, notamment via une assistance militaire et financière, est largement sous-évalué. De même, son choix de rompre les relations diplomatiques avec le Maroc en réponse à une déclaration sur la Kabylie reflète davantage une hypersensibilité et une instrumentalisation des menaces externes pour masquer ses crises internes.
Une analyse déséquilibrée de la course aux armements
Le rapport tente d’établir une parité dans les dépenses militaires entre les deux pays, une affirmation que Lahcen Haddad conteste fermement. Avec un budget de défense de 23 milliards de dollars en 2023, l’Algérie surpasse largement les efforts marocains, qui se concentrent sur une modernisation ciblée et stratégique. Cette surenchère militaire reflète davantage les ambitions régionales de l’Algérie qu’une simple réponse défensive aux initiatives marocaines.
Des omissions concernant le rôle du Front Polisario
Lahcen Haddad critique également le manque de rigueur du rapport sur les actions déstabilisatrices du Front Polisario, comme le blocus de Guergarat pendant la pandémie de COVID-19. Le rapport qualifie injustement l’intervention marocaine pour rétablir le commerce régional de « violation du cessez-le-feu », une position qui selon lui reflète une vision biaisée.
Une interprétation erronée des initiatives marocaines
Le plan d’autonomie proposé par le Maroc en 2007, largement salué sur la scène internationale comme une solution pragmatique au conflit, est injustement qualifié d’abandon du processus référendaire. Lahcen Haddad souligne que cette lecture omet de mentionner les blocages logistiques qui ont rendu le référendum impraticable, notamment les désaccords sur l'identité des votants.
Des narratifs historiques biaisés
Selon Lahcen Haddad, la suggestion selon laquelle le Maroc poursuivrait un projet d’« impérialisme » sous Mohammed V ou Hassan II manque de fondements historiques. Le soutien du Maroc à l’indépendance algérienne était motivé par une solidarité anticoloniale et une vision d’unité régionale. De plus, attribuer la guerre des Sables de 1963 à des calculs internes marocains est réducteur, occultant les engagements non tenus de l’Algérie concernant les frontières.
Une vision limitée de l’engagement régional
Lahcen Haddad critique également la réduction de l’initiative marocaine visant à établir un corridor entre le Sahel et l’Atlantique à une manœuvre opportuniste face au déclin algérien. Il rappelle que cette initiative s’inscrit dans une vision plus large d’intégration économique régionale, promouvant la stabilité et le développement.
Conclusion
Pour Lahcen Haddad, le rapport de Crisis Group, bien que pertinent par sa thématique, échoue à fournir une analyse équilibrée des tensions algéro-marocaines. En négligeant le rôle central de l’Algérie dans l’exacerbation du conflit et en sous-évaluant les efforts du Maroc pour promouvoir le développement et la stabilité, il offre une lecture partielle et orientée de la situation. Une analyse véritablement neutre nécessiterait une prise en compte plus complète des dynamiques historiques, politiques et économiques en jeu.