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Diplomatie au Sahel : le Maroc s’impose, l’Algérie recule

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Depuis l’ascension des juntes militaires au pouvoir au Mali, au Burkina Faso et au Niger, l’Algérie semble perdre en influence diplomatique dans la région. Ce recul, pourtant historique, ouvre la voie à une montée en puissance du Maroc sur le terrain sahélien, comme l’a analysé François Soudan, directeur de la rédaction de Jeune Afrique, dans une récente intervention sur RFI.

Un recul algérien marqué

Après des décennies d’un rôle géopolitique central au Sahel, l’Algérie peine à maintenir son influence face aux nouveaux acteurs militaires. Selon François Soudan, ce déclin s’explique notamment par la rupture des accords d’Alger par la junte malienne dirigée par Assimi Goïta. Autrefois pilier de la politique sahélo-algérienne, le Mali est désormais au cœur de tensions persistantes, notamment sur la question des groupes armés touaregs.

Pour les autorités maliennes, ces groupes sont assimilés à des terroristes. À l’opposé, Alger les considère comme des acteurs clés pour toute négociation de paix et continue d’accueillir sur son sol certains de leurs chefs, ainsi que des opposants notoires comme l’imam Dicko. Cette divergence de vision creuse le fossé entre les deux voisins.

Un Maroc opportuniste et pragmatique

Pendant que l’Algérie recule, le Maroc, lui, profite de ce nouveau contexte pour asseoir sa présence au Sahel. Contrairement à d’autres acteurs internationaux, Rabat s’est abstenu de condamner les coups d’État militaires dans ces pays. Une posture qui, selon François Soudan, reflète une forme de compréhension envers la souveraineté défendue par les juntes militaires, en phase avec le « Morocco first » prôné par le roi Mohammed VI.

En outre, les relations économiques solides du Maroc avec plusieurs États de l’Alliance des États du Sahel (AES) ont permis au royaume de tirer parti du vide laissé par l’Algérie. François Soudan précise que le Maroc s’est positionné stratégiquement sur trois fronts :

Offrir une alternative commerciale aux pays enclavés de l’AES, notamment à travers ses ports atlantiques, en réponse aux sanctions imposées par la Cedeao.

Servir d’intermédiaire économique entre ces pays et les investisseurs des pays du Golfe.
Faciliter le dialogue diplomatique entre les membres de l’AES et les puissances européennes.

Un nouvel équilibre au Sahel

Alors que l’Algérie voit son rôle s’amenuiser, le Maroc s’impose progressivement comme un acteur majeur au Sahel. Cette dynamique marque un tournant dans l’équilibre géopolitique entre ces deux puissances rivales du Maghreb, le Sahel devenant un terrain d’affrontement indirect.

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