La population carcérale actuelle au Maroc dépasse désormais les 100 000 individus, tandis que la capacité nationale d’accueil s’élève à seulement 64 600 places. Cette situation de surpeuplement dans les prisons suscite de sérieuses inquiétudes au sein de la Délégation générale à l’administration pénitentiaire et à la réinsertion (DGAPR). Cette dernière a récemment exhorté les autorités judiciaires et administratives à agir rapidement pour résoudre ce problème croissant. Toutefois, l’Alliance des magistrats du Maroc a réagi de manière critique à cet appel, exprimant son étonnement quant à la responsabilité attribuée au pouvoir judiciaire par la DGAPR.
La détention provisoire, considérée comme la principale cause du surpeuplement carcéral, refait surface dans ce débat. Abderrazak Jbari, président du Club des magistrats du Maroc, souligne que les raisons derrière cette problématique sont multiples et complexes, principalement le résultat des actions législatives et exécutives, plutôt que du pouvoir judiciaire lui-même. Il pointe du doigt la politique pénale actuelle, qui privilégie les sanctions privatives de liberté au lieu de solutions plus nuancées et préventives. Cette approche néglige les mesures sociales, économiques et éducatives, qui ont prouvé leur efficacité dans d’autres contextes.
L’augmentation de la délinquance, notamment les infractions les plus graves, et la récidive croissante soulignent l’inefficacité des programmes de réhabilitation et de réinsertion. De plus, l’institution de la libération conditionnelle, censée alléger la surpopulation carcérale, n’a pas été pleinement mise en œuvre. L’absence de cette mesure contribue à maintenir un taux de détention élevé malgré les efforts continus de la DGAPR pour moderniser les établissements pénitentiaires.
La situation actuelle appelle à une collaboration proactive entre les pouvoirs législatif, exécutif et judiciaire pour élaborer des solutions exhaustives à ce problème de surpopulation carcérale et pour adopter une politique pénale plus équilibrée et efficiente.