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L’incident diplomatique survenu à Jérusalem envoie un "signal supplémentaire des tensions entre la France et Israël", bien qu'il ne s'agisse pas d’un "événement international majeur", tempère Frédéric Charillon, professeur de relations internationales à l’université de Paris et à l'Essec, lors de son intervention sur franceinfo.
Selon Frédéric Charillon, cet incident reflète un "message d'affirmation d'indépendance" adressé par Israël aux Français et aux Européens : "on fait ce qu’on veut". En effet, le jeudi 7 novembre, des policiers israéliens sont entrés, "en armes" et "sans autorisation", dans le domaine national français de l’Éléona à Jérusalem, que devait visiter le ministre français des Affaires étrangères. Dans l'incident, deux gendarmes français ayant tenté de faire sortir les policiers israéliens ont été brutalement interpellés avant d'être relâchés.
Bien que qualifié d’"incident diplomatique" par Frédéric Charillon, celui-ci reste de portée limitée : "C'est un nouveau signal des tensions entre la France et Israël dans un contexte tendu", souligne-t-il, "mais ce n'est pas un fait international majeur". Il explique que l’incident s'est produit dans une zone où la France ne reconnaît pas la souveraineté israélienne, ce qui pourrait être interprété comme une manière pour Israël de réaffirmer sa présence : "Vous ne reconnaissez pas notre souveraineté ici, mais nous vous montrons que nous sommes chez nous et que nous agissons comme bon nous semble".
Le politologue voit dans cette attitude du gouvernement israélien une tendance plus large à adopter des comportements provocateurs, même envers des nations qui ne lui sont pas hostiles. "On a vu récemment l'administration israélienne, le Premier ministre, tenter d’humilier l'administration démocrate américaine. Cette fois, c'est avec la France."
Selon lui, depuis plus d'un an, le gouvernement israélien semble avoir transformé une "sympathie internationale initiale" en "stratégie de provocation systématique". La finalité de cette attitude reste floue, mais il est possible qu'elle serve à consolider une base électorale interne, priorité pour le Premier ministre israélien, malgré les répercussions internationales.
En outre, Charillon constate un retour de bâton : "Certains électeurs américains commencent à penser que cette administration israélienne va trop loin, tout comme certains alliés européens". Cette stratégie, qui privilégie la cohésion interne au détriment de la diplomatie, pourrait donc s'avérer "risquée".