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Dans cette rencontre Maroc Vs France, il y a bien les dimensions sportives. Le Maroc est le premier pays africain et arabe à s’être rapproché de si prêt du graal du football mondial. Un exploit qui a été largement salué par la planète entière. Pour la France, tenante du titre et déjà en possession de deux coupes en 1998 et 2018, le rêve d’une troisième étoile successive est le principale moteur de son ambition.
Après avoir éliminé de grandes écuries européennes comme la Belgique, l’Espagne et le Portugal , le Maroc affronte le dernier verrou français qui se dresse encore sur sa route vers la finale. Entre les deux équipes, le niveau de technicité est presque similaire. Deux éléments peuvent faire la différence au profit du Maroc. Des supporters présents en masse, très motivés comme jamais, qui vont jouer pleinement leur rôle de treizième pilier sur le terrain pour pousser les Lions de l’Atlas à accomplir ce miracle. Et un esprit combatif qui peut faire pousser des ailes, une volonté décuplée par le fait de se trouver si près de remporter la Coupe du monde. Ces deux éléments déterminants sont à mettre dans l’actif des Marocains.
Il est à noter que si le Maroc a réalisé cette exploit, il le doit principalement aux talents de Ses joueurs, à leur combativité et aux énormes investissements du Maroc dans ses structures locales de formation des joueurs comme l’illustre l’Académie Mohammed VI du Football, porte-drapeau de la formation nationale et vivier de la sélection nationale. Elle a fait émerger de nombreux talents et s’appuie principalement sur une approche triangulaire axée sur les infrastructures, le talent et un encadrement qualifié.
Mais ce match Maroc/France n’a pas qu’une portée sportive. Il a dégoupillé aussi de nombreux débats politiques qui vont l’accompagner et lui donner cette tonalité exceptionnelle à tous les nivaux.
Depuis que Marocains et Français savent qu’ils allaient s’affronter en demi- finale de cette coupe du monde, les interrogations fusent sur le positionnement des nombreux binationaux qui vivent en France. Vont-ils soutenir leur pays d’origine, le pays de leurs parents, ou celui de leur naissance ou adoption. Cette interrogation aurait dû être formulée de manière sereine et laisser à chacun le droit de faire son choix. En matière de sport comme en matière d’art, les goûts et les couleurs font partie du libre choix de chacun.
Sauf que des forces politiques d’extrême droite qui labouraient déjà la société française pendant les récentes séquences électorales, sur fond de xénophobie et de réquisitoires identitaires, s’en sont emparés pour sommer les binationaux de choisir et de clarifier leur position. Ce sont ces mêmes forces politiques qui ont survendu des théories fumeuses comme Le grand remplacement ou les Français de papiers en face des français de sang et de souche.
Cette agitation d’extrême droite qui excitent les plateaux de télévision se sert comme carburant des débordements, devenus hélas rituels, après chaque grande manifestation en France. Les casseurs sont déjà identifiés comme les supporters de l’équipe marocaine, alors que derrière les cagoules peuvent se cacher de multiples profils avec des motivations variées qui n’ont souvent aucun rapport avec l’événement du jour.
Pour valider ces thèses, l’extrême doute tente de présenter cette rencontre au sommet comme une bataille épique entre une équipe musulmane, porte étendard de l’Afrique et du monde arabe et une équipe européenne, porte drapeau de la chrétienté. Cela porte un nom: de la manipulation politique et de l’instrumentalisation idéologique d’un événement sportif. Avec l’ambition assumée de jeter l’huile sur le feu et d’exciter les pulsions communautaires et religieuses. Il est de notoriété publique que le discours pyromane de l’extrême droite ne s’épanouit que dans la logique de l’escalade identitaire.
Autre dimension de cette rencontre. Elle intervient entre deux pays qui entretiennent depuis des mois des relations politiques difficiles. Au lendemain de cette rencontre, la ministre française des affaires étrangères de la France, Catherine Colonna, est censée prendre l’avion pour Rabat. Objectif : préparer le terrain et le cadre politique d’une visite du président Macron au Maroc avec l’espoir de redonner une nouvelle dynamique au partenariat France/Maroc.
Cette rencontre footballistique d’excellence inattendue pourrait huiler le dialogue politique entre les deux hautes autorités. Ce qui était difficilement pensable en termes de concessions politiques hier, devient possiblement envisageable aujourd’hui. Et ce quel que soit l’issue du Match.