À l’issue de la première journée de la grève générale, les 5 et 6 février 2025 au Maroc, le taux de participation a dépassé les 80% à l’échelle nationale, selon les cinq centrales syndicales organisatrices de la mobilisation. L’Union marocaine du travail (UMT) a annoncé un taux de participation de 84,9%, tandis que certains secteurs, notamment dans les régions, ont enregistré une adhésion totale de 100%.
Mardi en fin d’après-midi, l’UMT a souligné le succès de la grève, précisant que plus de 84,9% des travailleurs y avaient pris part. Dans un communiqué commun, la Confédération démocratique du travail (CDT), l’Organisation démocratique du travail (ODT), la Fédération des syndicats démocratiques (FSD) et l’Union nationale du travail au Maroc (UNTM) ont annoncé que plus de 80% des travailleurs avaient soutenu cette action.
Le Front marocain contre les lois sur la grève et la retraite, qui regroupe neuf organisations syndicales et sectorielles, dont le Syndicat indépendant des médecins du secteur public (SIMSP), la Fédération nationale de l’éducation – orientation démocratique (FNE), les techniciens de santé et la Fédération nationale du secteur agricole (FNSA), a également appuyé cette grève. Dans certaines villes et secteurs, l’adhésion a atteint 100%, selon les informations de l’UMT.
Ces chiffres ont été communiqués par les centrales syndicales au premier jour de la grève générale, coïncidant avec le vote définitif du projet de loi organique 97.15 sur le droit de grève à la Chambre des représentants. Ce vote a eu lieu en présence de 104 députés sur les 395 élus, avec 84 voix pour, 20 contre, et aucune abstention. Le texte a également été approuvé par la Chambre des conseillers, avec 41 voix pour et 7 contre. Durant la séance, les membres du groupe UMT se sont retirés en signe de protestation contre le texte proposé.
Le secrétaire général de l’UMT, Miloud Mokharik, a insisté sur le rejet total de cette loi, la qualifiant d’« illégitime ». Lors d’un rassemblement à Casablanca, il a déclaré : « Nous continuerons de la rejeter et ne mettrons pas en pratique ses prérogatives, quel qu’en soit le prix à payer ».
La CDT, quant à elle, a affirmé sa volonté de maintenir la mobilisation, s’interrogeant sur l’utilité de l’institutionnalisation du dialogue social dans ce contexte. Mohamed Hatati, membre du bureau exécutif de la CDT, a souligné que « le dialogue social productif et efficace est celui qui se déroule dans un cadre institutionnalisé ».
Les secteurs concernés par la grève sont nombreux. L’UMT rapporte une forte participation dans l’éducation et la formation, avec un arrêt total des activités dans les écoles, universités, instituts supérieurs et centres de formation professionnelle. Dans le secteur de la santé, les services dans les hôpitaux universitaires, les centres de santé, ainsi que dans les cliniques privées et cabinets médicaux ont été perturbés, bien que certains services hospitaliers aient continué de fonctionner.
Dans les secteurs des administrations, des assurances et des banques, la participation a atteint 100% dans certaines villes et régions, notamment à Nador dans les établissements bancaires, ainsi qu’au sein de la CNSS et de la CNOPS. Le personnel des collectivités territoriales a également rejoint la grève, tant dans les zones urbaines que rurales. Par ailleurs, l’UMT indique que des arrêts d’activités ont touché les ports, affectant des secteurs tels que le chargement, le déchargement, le remorquage et le transport.
Les secteurs industriels, notamment dans les domaines de la manufacture, de l’automobile, de l’électricité, du pétrole et du gaz, des mines, des phosphates, de la sidérurgie et du bâtiment, ont également enregistré une forte participation. Dans les transports et les communications, le secteur aérien a fonctionné normalement, tandis que des perturbations ont affecté les services ferroviaires, les transports routiers et urbains (taxis, bus et tramways), bien que les autoroutes soient restées ouvertes.
Les travailleurs des télécommunications, de la poste, ainsi que du secteur judiciaire ont aussi pris part à la grève, certains services étant partiellement ou totalement affectés. Dans les médias, bien que le travail n’ait pas été totalement arrêté, le pôle audiovisuel public a manifesté son soutien en arborant des brassards.