Répression accrue à l’approche de la présidentielle en Algérie : arrestations massives et répression politique
À l’approche de la présidentielle anticipée du 27 septembre 2024, le régime algérien semble de plus en plus nerveux face au rejet massif de cette élection, perçue par les Algériens comme une mascarade visant à imposer un président illégitime. Le 20 août, des dizaines d’opposants politiques ont été arrêtés en Kabylie, alors qu’ils se préparaient à commémorer le 68e anniversaire du Congrès de la Soummam, un événement historique majeur dans la résistance algérienne. Ces arrestations ont principalement touché les membres du Rassemblement pour la culture et la démocratie (RCD), y compris son président, Athmane Maazouz.
Le RCD a condamné ces actions dans un communiqué, dénonçant la répression du régime comme une tentative de maintenir une dictature et de faire taire les voix dissidentes. Le communiqué souligne que le 20 août représente un symbole important de la lutte contre le colonialisme, et critique le régime pour avoir utilisé cette date pour renforcer sa répression plutôt que pour honorer les sacrifices des martyrs. Le RCD, qui a appelé au boycott actif de la présidentielle, se voit maintenant réprimé pour sa position, largement partagée en Kabylie.
La répression s’est également étendue au Front des forces socialistes (FFS), dont les militants et cadres ont été touchés, malgré la participation de son leader, Youcef Aouchiche, en tant que candidat aux élections. Le président Abdelmadjid Tebboune a célébré l’anniversaire de la Soummam en avance, tout en empêchant l’affichage des images de Houcine Aït Ahmed, fondateur du FFS, durant la campagne électorale.
Le régime a encouragé Youcef Aouchiche à se présenter pour éviter le boycott total en Kabylie et augmenter la participation électorale, mais les répressions pourraient rendre cette tâche difficile. La répression actuelle rappelle la persécution des figures révolutionnaires de 1956, comme Abane Ramdane et Larbi Ben M’Hidi.
Karim Tabbou, figure de proue du Hirak, a été arrêté le 19 août par la DGSI et présenté au tribunal de Koléa, où il a reçu des ordres de cesser ses activités politiques et médiatiques. D’autres candidats à la présidentielle, tels que Saida Neghza, Belkacem Sahli et Abdelhakim Hammadi, ont également été placés sous contrôle judiciaire pour des accusations de fraude électorale. De plus, Omar Aït Yahia, professeur de danse kabyle, a été condamné à 18 mois de prison pour son affiliation présumée au Mouvement pour l’autodétermination de la Kabylie (MAK).
Cette répression accrue a été vivement critiquée par Mohcine Belabbas, ancien président du RCD, qui a dénoncé un climat de terreur en période électorale. Selon lui, jamais une campagne présidentielle en Algérie n’avait été marquée par une telle intensité de répression et de détentions.