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Ce lundi, lors d'une conférence de presse conjointe avec son homologue indien, le ministre espagnol des Affaires étrangères, José Manuel Albares, a évoqué l'ouverture tant attendue des douanes commerciales à Ceuta et Melilla. Selon lui, l'objectif d’une ouverture officielle fixée au 8 janvier reste conditionné par la résolution de certains problèmes techniques.
Un débat qui divise
José Manuel Albares n'a pas manqué de critiquer les voix sceptiques, principalement issues de la droite espagnole et de leurs médias. « Certains se disent surpris par cette avancée, alors qu’ils n’ont jamais envisagé l’ouverture d’une douane à Ceuta, ni la réouverture de celle de Melilla après sa fermeture en 2018. Ils se sont accommodés de cette situation. C’est grâce à la Déclaration conjointe hispano-marocaine que cette évolution a été rendue possible », a-t-il déclaré.
La Déclaration du 7 avril 2022, fruit des discussions entre le roi Mohammed VI et le Premier ministre espagnol Pedro Sanchez, prévoit « la pleine normalisation de la circulation des personnes et des marchandises de manière ordonnée, avec des dispositifs de contrôle douanier appropriés ». Depuis, des négociations entre Rabat et Madrid ont été entamées pour concrétiser cet engagement.
Tensions autour des marchandises
La semaine dernière, les autorités marocaines ont interdit le passage de deux camions transportant des marchandises de Melilla à Nador. Cette décision a suscité des réactions hostiles de certains médias espagnols, qui y voient une tentative de pression de Rabat. La Razon estime que « le Maroc conditionne l’ouverture des douanes à une reconnaissance explicite par l’Espagne de la marocanité du Sahara ». De son côté, OK Diario affirme que Rabat exige également le transfert du contrôle de l’espace aérien du Sahara pour débloquer la situation.
Des enjeux politiques et économiques
Les députés du Parti populaire ont demandé la convocation de José Manuel Albares devant la Chambre basse pour clarifier d'éventuelles concessions faites au Maroc dans ce dossier sensible. Cette initiative reflète les inquiétudes sur les conditions imposées par Rabat, qui refuse que Ceuta et Melilla servent de points d’entrée pour inonder son marché avec des produits espagnols, comme cela était le cas pendant la période de la contrebande.
Un processus sous haute tension
Alors que les négociations se poursuivent, le dossier des douanes à Ceuta et Melilla met en lumière les défis diplomatiques et économiques entre Rabat et Madrid. Pour le Maroc, cette ouverture ne peut se faire qu’en garantissant le respect de sa souveraineté économique et territoriale. Pour l’Espagne, il s’agit d’un test politique délicat, à gérer dans un contexte de pressions internes et externes.