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Le 18ème congrès du Parti de l'Istiqlal, qui s'est tenu du 26 au 28 avril 2024, a été marqué par un événement inattendu : un blocage de huit heures des travaux, de 21h à 5h du matin, autour de la question, a priori secondaire, de la présidence du congrès. Cet incident, loin d'être anodin, met en lumière les tensions et les jeux de pouvoir qui traversent le parti, fragilisé par une crise de confiance profonde.
Si les tractations autour du poste de Secrétaire Général ont abouti à un consensus en faveur de Nizar Baraka, il en va tout autrement concernant la composition du comité exécutif. Ce blocage autour de la présidence du congrès apparaît dès lors comme une manœuvre de pression exercée par les différentes factions du parti.
A l'issue de la séance d'ouverture vendredi soir, les congressistes sont informés d'une reprise des travaux un quart d'heure plus tard. Cependant, la séance ne débute qu'à 21h. Abdeljebbar Rachidi, président de la commission préparatoire, annonce qu'en attendant un accord sur la présidence du congrès, il dirigera provisoirement la présentation du rapport moral et financier par le Secrétaire Général. Cette proposition est rejetée par les congressistes, provoquant un désaccord qui paralyse les travaux pendant plusieurs heures.
C'est finalement à 5h du matin, samedi, que Hamdi Ould Rachid, soutien de Nizar Baraka, annonce aux congressistes un accord trouvé. Nizar Baraka confirme la décision d'une présidence collégiale du congrès confiée à Abdessamad Kayouh, Fouad Kadiri et Abdeljebbar Rachidi. Cette issue permet l'adoption des documents du congrès sans débat ni réunion des commissions compétentes.
Ce blocage met en évidence la profonde crise de confiance qui gangrène le parti. Malgré les accords obtenus, leur fragilité est patente, alimentant la crainte de voir ces accords remis en cause, notamment après l'élection du Secrétaire Général. Chaque faction cherche ainsi à se prémunir au sein du conseil national.
Les partisans de Hamdi Ould Rachid redoutent qu'après son élection, Nizar Baraka ne revienne sur les accords conclus. Ils espèrent, en obtenant la présidence du congrès, pouvoir convoquer le conseil national et modifier les règles du jeu en introduisant de nouvelles dispositions statutaires, comme la création d'un poste de Vice-Secrétaire Général ou des restrictions supplémentaires. Cette stratégie vise à contraindre Nizar Baraka et à éviter toute surprise de sa part.
Le 18ème congrès du Parti de l'Istiqlal a été marqué par des tensions et des jeux de pouvoir qui illustrent la crise de confiance profonde qui traverse le parti. L'avenir du parti dépendra de sa capacité à surmonter ces divisions et à renouer avec la cohésion et la confiance.