Islam et démocratie : Hicham Alaoui explore une coexistence possible dans un contexte global troublé
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Dans une interview captivante sur Sud Radio, Hicham Alaoui, membre de la famille royale du Maroc, cousin du roi Mohamed VI , auteur du livre Islam et démocratie : 'comment changer la face du monde arabe', échange avec Patrick Roger sur des questions cruciales mêlant politique, religion et société. L’échange aborde des thématiques allant des tensions géopolitiques au Maghreb à la relation complexe entre l’islam et la démocratie, en passant par les spécificités du contexte français.
Maroc, Algérie et France : des relations à apaiser
La discussion s’ouvre sur les relations tendues entre le Maroc, l’Algérie et la France, exacerbées récemment par l’arrestation de l’écrivain algérien Boualem Sansal. Hicham Alaoui dépeint la relation entre le Maroc et l’Algérie comme celle de "deux frères ennemis", appelant à l’apaisement entre ces voisins.
En ce qui concerne la position de la France, il se félicite de son soutien à la souveraineté marocaine sur le Sahara, tout en soulignant la complexité de ce dossier, qui reste une pierre d’achoppement majeure dans la région.
L’islam et la démocratie : une compatibilité à prouver
Alaoui rejette l’idée que l’islam soit intrinsèquement incompatible avec la démocratie. Il estime que l’essence de cette religion ne constitue pas un obstacle à l’instauration de systèmes démocratiques. Selon lui, les musulmans ont historiquement adapté leur pratique religieuse à divers contextes culturels et politiques.
Il évoque les printemps arabes comme un exemple de cette quête de liberté et de démocratie dans le monde arabe, les comparant aux mouvements sociaux et politiques qui ont jalonné l’histoire européenne. Alaoui rappelle cependant que cette transition est un processus long et complexe, nécessitant persévérance et résilience.
Régression démocratique dans le monde arabe
Malgré ces aspirations, l’auteur reconnaît une régression démocratique dans le monde arabe depuis les printemps arabes. Il attribue cet échec à la peur des régimes en place, qui ont renforcé leur contrôle face aux revendications populaires.
L’exemple de la Tunisie est particulièrement éloquent : perçue comme un modèle de transition démocratique, elle fait aujourd’hui face à un recul sous un régime populiste. Alaoui y voit une illustration des défis posés par la démocratisation dans des sociétés marquées par l’autoritarisme.
Un contexte français marqué par des tensions
En France, Alaoui critique une interprétation biaisée de la laïcité, qu’il estime influencée par des clichés orientalistes. Il dénonce une déformation de la loi de 1905, à laquelle ont été ajoutées des valeurs républicaines qui, selon lui, alimentent la confusion et les tensions.
Il s’insurge notamment contre certaines mesures qu’il juge excessives, comme l’interdiction du port du voile pour les parents d’élèves ou encore la difficulté d’offrir des repas halal dans les cantines scolaires. Alaoui y voit une difficulté à intégrer les musulmans dans une France en pleine déchristianisation, où la question de la loyauté à l’État se mêle à celle de l’adhésion à des valeurs imposées.
Un appel au dialogue
En conclusion, Hicham Alaoui plaide pour un dialogue ouvert et honnête, basé sur le respect des différences et la recherche de compromis. Pour lui, la démocratisation dans le monde arabe et l’intégration des musulmans dans les sociétés occidentales nécessitent une remise en question des préjugés et une volonté politique de construire des ponts plutôt que des murs.
Cette interview met en lumière les réflexions d’un auteur engagé, déterminé à explorer les voies possibles pour une coexistence harmonieuse entre l’islam, la démocratie et les sociétés modernes.