Dans un contexte géopolitique marqué par des tensions persistantes, l’ouvrage de Bernard Lugan, « Le Sahara occidental en 10 questions », paru aux Éditions Ellipses, offre une analyse accessible et concise d’un conflit vieux de plusieurs décennies. Avec un style clair et direct, l’auteur décompose la question sahraouie en dix interrogations essentielles, permettant au lecteur de cerner les enjeux historiques, politiques et sociétaux qui sous-tendent ce dossier brûlant.
En 107 pages, Lugan retrace les origines du conflit, remontant aux revendications territoriales du Maroc et de la Mauritanie après le retrait de l’Espagne en 1975. Il aborde ensuite les aspects juridiques de la question, analysant les différentes résolutions du Conseil de sécurité des Nations Unies et les positions des parties prenantes. L’auteur s’attarde également sur les acteurs clés du conflit, notamment le Front Polisario, le mouvement indépendantiste sahraoui soutenu par l’Algérie, et le Maroc, qui revendique sa souveraineté sur l’ensemble du territoire.
L’ouvrage ne manque pas d’aborder les questions humanitaires, mettant en lumière les conditions de vie difficiles des réfugiés sahraouis dans les camps de Tindouf en Algérie. Lugan évoque également les efforts diplomatiques déployés par les Nations Unies pour trouver une solution pacifique au conflit, soulignant les obstacles rencontrés et les perspectives d’avenir.
« Le Sahara occidental en 10 questions » se distingue par sa neutralité et son objectivité. L’auteur s’efforce de présenter les différents points de vue de manière impartiale, permettant au lecteur de se forger sa propre opinion sur cette question complexe. L’ouvrage constitue une ressource précieuse pour quiconque souhaite s’informer rapidement et efficacement sur le conflit du Sahara occidental.
Le Sahara marocain : Un héritage indéniable et un combat pour la reconnaissance
L’ouvrage « Une démonstration magistrale de la marocanité du Sahara » s’affirme comme une exploration rigoureuse et passionnante de l’histoire et de l’identité du Sahara occidental. Adoptant une approche pluridisciplinaire, il tisse une analyse riche en géopolitique, en histoire et en ethnographie, avec un accent particulier sur les droits ancestraux du Maroc sur la région et les amputations territoriales subies sous le joug colonial.
Les six premiers chapitres constituent une démonstration magistrale de la marocanité du Sahara à travers les siècles. S’appuyant sur des faits méconnus du grand public, ils offrent un éclairage précieux sur les origines du conflit et les enjeux profonds qui le sous-tendent.
L’ouvrage met en lumière un élément crucial : le Sahara occidental est un territoire spolié du Maroc par les colonisations espagnole et française. Cette réalité fondamentale éclaire la genèse et l’évolution du conflit, soulignant l’impact indéniable de la colonisation. La responsabilité de la France et de l’Espagne dans l’amputation de vastes portions du territoire marocain est mise en exergue, soulignant une injustice historique qui n’a que trop peu été mise en lumière.
L’auteur, Bernard Lugan, souligne avec justesse : « Le Sahara occidental n’est qu’une partie de l’ensemble saharien que la colonisation arracha au Maroc ». Le royaume a en effet subi des amputations considérables, tant par la France que par l’Espagne, se voyant privé d’une partie importante de sa profondeur saharienne, notamment des provinces situées entre Figuig et le Touat, ainsi qu’entre le Drâa et les frontières actuelles de la Mauritanie et du Mali.
Loin de s’engager dans une démarche accusatoire, l’ouvrage met l’accent sur la mobilisation du Maroc pour recouvrer ses territoires spoliés. Cette lutte légitime s’inscrit dans un processus historique de restauration de l’intégrité territoriale et de la reconnaissance d’un héritage indéniable.
« Une démonstration magistrale de la marocanité du Sahara » s’impose comme une référence incontournable pour quiconque souhaite approfondir sa connaissance de ce conflit complexe et saisir les enjeux profonds qui le sous-tendent. L’ouvrage, riche en informations et en analyses éclairantes, éclaire d’un jour nouveau l’histoire du Sahara occidental et la marocanité de ce territoire, indissociable de l’identité du royaume.
Un lien historique et identitaire profond
Le Sahara occidental n’est pas seulement une région du Maroc, il est considéré comme la matrice même de la nation marocaine, comme le souligne l’historien Bernard Lugan. Plusieurs dynasties marocaines majeures, telles que les Almoravides, les Saâdiens et les Mérinides, ont leurs racines dans ce territoire, dont une ville importante comme Sijilmassa. Ce lien historique et identitaire explique l’attachement profond des Marocains au Sahara occidental, une terre qu’ils perçoivent comme existentielle.
Des frontières artificielles et une spoliation territoriale
Lugan met en lumière les origines coloniales du conflit au Sahara occidental. Les frontières actuelles du territoire, sous domination marocaine, résultent d’accords entre la France et l’Espagne, privant le Maroc de vastes portions de son territoire saharien. L’historien retrace la chronologie de cette dépossession, qui a débuté avec l’annexion par l’Algérie française de territoires à l’est du Maroc.
Le projet colonial du train transsaharien et ses conséquences
Un élément clé de cette spoliation territoriale est le projet français de train transsaharien. Pour un tracé plus court, les autorités coloniales françaises ont convoité les régions marocaines de la Tourara et du Touat. La dépossession du Maroc s’est faite par étapes, d’abord par des demandes d’autorisation auprès du sultan marocain, comme en 1879 et 1882 pour le passage du chemin de fer. Ces requêtes, selon Lugan, confirment la reconnaissance de la région comme territoire marocain.
Un héritage colonial complexe et un enjeu géopolitique majeur
Le texte de Lugan met en évidence la complexité de l’histoire coloniale au Sahara occidental et ses conséquences durables sur le statut du territoire. La question du Sahara occidental reste un enjeu géopolitique majeur, marqué par le conflit entre le Maroc et le Front Polisario, qui revendique l’indépendance de la région. Comprendre les héritages coloniaux est crucial pour analyser ce conflit et envisager des solutions pacifiques.
L’annexion de territoires marocains à l’Algérie française : une chronologie contestée
1880s: Face à la menace française croissante dans les régions du tracé du train transsaharien, le Maroc tente de contrer l’avancée coloniale. Des délégations sont envoyées auprès du sultan Moulay Hassan 1er pour solliciter l’envoi de troupes marocaines et l’intervention contre l’installation française à El Golea.
Post-colonisation du Maroc: Malgré la colonisation du Maroc par la France, le processus d’annexion de territoires marocains à l’Algérie française se poursuit. C’est ainsi qu’en 1935, l’Algérie s’ouvre sur un Sahara que ses prédécesseurs, les Turcs, n’avaient jamais possédé.
Tindouf : La ville de Tindouf, historiquement rattachée au Maroc et administrée par le Khalifat du Tafilalet, est rattachée à l’Algérie française en 1934. Même sous occupation française, elle reste administrativement liée à la région d’Agadir jusqu’en 1956.
Indépendance du Maroc et tracé de la frontière: À la veille de l’indépendance du Maroc, le tracé de la frontière algéro-marocaine est fixé unilatéralement et « favorablement à l’Algérie française », amputant le Maroc de Tindouf.
1962 : Tindouf sous contrôle algérien: Lors de l’indépendance de l’Algérie, la France laisse l’ALN algérienne s’installer à Tindouf, ville marocaine qui devient alors algérienne. La population locale brandissant le drapeau marocain est réprimée dans le sang par l’armée algérienne.
Conséquences: Le Maroc se voit contraint d’accepter la perte de ses provinces orientales (Touat, Saoura, Tidikelt, Gourara et Tindouf) au profit de l’Algérie, un état nouvellement créé en 1962.
Un héritage controversé: Cette annexion de territoires marocains à l’Algérie française et le rattachement de Tindouf à l’Algérie après l’indépendance font l’objet d’une historiographie conflictuelle et nourrissent des tensions entre les deux pays.
La marocanité du Sahara : preuves historiques à l’appui
Des siècles de souveraineté marocaine:
L’ouvrage de Bernard Lugan étaye la marocanité du Sahara occidental par des documents historiques attestant de la souveraineté du Maroc sur la région depuis plusieurs siècles.
Présence marocaine antérieure à l’occupation espagnole:
Dès 1476, la construction d’un fortin espagnol à Santa Cruz de Mar Pequena fut détruite sur ordre du sultan marocain Ahmed al-Wattassi, démontrant le contrôle marocain de la région.
Traités et reconnaissances internationales:
De nombreux traités signés entre le Maroc et l’Espagne au 18ème siècle concédaient des droits de pêche ou d’installation aux Espagnols sur le littoral saharien, confirmant la souveraineté marocaine.
1767: Traité hispano-marocain de « Paix et de commerce » concédant aux Espagnols le droit de pêche entre Santa Cruz de Mar Pequena et le Rio de Oro.
1799: Traité de paix et d’amitié de Meknès réaffirmant le droit de pêche exclusif aux Espagnols et mentionnant l’obligation du Maroc de secourir les naufragés espagnols sur son territoire saharien.
D’autres puissances européennes reconnaissaient également la marocanité du Sahara:
1895: Traité entre le Maroc et la Grande-Bretagne stipulant que « toutes les terres » entre l’Oued Draâ et le Cap Bojador « font partie du territoire marocain ».
1889: Incident des prospecteurs allemands enlevés dans la Saquia el Hamra et libérés par le sultan du Maroc, illustrant son autorité sur la région.
États nouveaux vs États souverains : Le cas du Maroc et de l’Algérie
L’analyse de Bernard Lugan met en lumière une distinction cruciale entre les « États nouveaux » et les États souverains, illustrée par le cas du Maroc et de l’Algérie.
L’Algérie, un État nouveau issu de la colonisation:
- L’Algérie a accédé à l’indépendance en 1962, succédant à la colonie française d’Algérie.
- En tant qu’État nouveau, elle est soumise au principe onusien selon lequel les frontières héritées de la colonisation sont préservées.
Le Maroc, un État souverain à l’histoire millénaire:
- Le Maroc, contrairement à l’Algérie, n’est pas une création coloniale. Son existence remonte aux 8ème-9ème siècles sous la dynastie des Idrissides.
- En tant qu’État souverain, le Maroc n’est pas régi par le principe d’intangibilité des frontières coloniales.
Les incohérences de l’Algérie:
- L’Algérie se présente comme un fervent opposant au colonialisme, tout en défendant farouchement les frontières issues de la colonisation française.
- Cette position incohérente s’explique par son statut d’État nouveau, dépendant du principe onusien de préservation des frontières coloniales.
L’analyse de Lugan met en exergue:
L’inapplicabilité du principe d’intangibilité des frontières coloniales aux États souverains comme le Maroc.
La marocanité du Sahara occidental, non soumise au principe onusien évoqué par l’Algérie.
La distinction entre États nouveaux et États souverains est essentielle pour comprendre les enjeux du conflit du Sahara occidental. Le Maroc, en tant qu’État souverain avec une histoire millénaire, n’est pas contraint par les frontières héritées de la colonisation, contrairement à l’Algérie, un État nouveau issu de la colonisation française.
Le Sahara occidental en 10 questions, de Bernard Lugan. Éditions Ellipses, Paris. 107 pages, 190 dirhams
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