Getting your Trinity Audio player ready... |
Le Premier ministre du Yémen a annoncé samedi sa démission, arguant de son incapacité à exercer pleinement ses pouvoirs, un peu plus d’un an après sa prise de fonction, dans un pays contrôlé en partie par des rebelles.
Il y a un peu plus de dix ans, le gouvernement internationalement reconnu a été contraint de se réfugier à Aden (sud) après que les Houthis, soutenus par l’Iran, ont pris le contrôle de la capitale Sanaa et de pans entiers du pays.
L’année suivante, une coalition militaire dirigée par l’Arabie saoudite est intervenue en soutien aux forces gouvernementales, mais sans grand succès.
« J’ai démissionné de mes fonctions de Premier ministre (…) Je n’ai pas pu exercer mes pouvoirs constitutionnels et prendre les décisions nécessaires pour réformer les institutions gouvernementales », écrit Ahmed ben Moubarak dans sa lettre de démission qu’il a partagée sur le réseau X.
Sa démission intervient alors que les Houthis mènent une campagne de frappes contre Israël et ciblent des navires en mer Rouge et dans le golfe d’Aden, en solidarité avec les Palestiniens de la bande de Gaza où l’armée israélienne est en guerre contre le mouvement islamiste Hamas.
De leur côté, les Etats-Unis, alliés d’Israël, mènent régulièrement des attaques aériennes contres les rebelles au Yémen.
Dans sa lettre, M. Moubarak affirme qu’en dépit des obstacles, il a réussi à obtenir « de nombreux succès en peu de temps », citant des réformes fiscales et administratives ainsi qu’une lutte contre la corruption.
Il était « en constante friction » avec le Conseil présidentiel car il cherchait à obtenir plus de pouvoir, explique à l’AFP Mohammed Albasha, du Basha Report Risk Advisory basé aux Etats-Unis.
« Moubarak voulait plus qu’être Premier ministre, il voulait les pouvoirs de la présidence. Cette aspiration l’a isolé politiquement », ajoute-t-il, et cela a « conduit à des confrontations répétées avec des ministres clés et la plupart des membres du Conseil ».
Ancien ambassadeur du Yémen aux Etats-Unis, M. Moubarak est un farouche opposant aux rebelles houthis, qui l’ont enlevé en 2015 et détenu pendant plusieurs jours.
Il a précédemment occupé le poste de chef de cabinet du bureau présidentiel et de représentant permanent à l’ONU.
La guerre au Yémen a fait des centaines de milliers de morts et provoqué l’une des pires crises humanitaires au monde. Les affrontements ont toutefois nettement diminué depuis la trêve de six mois négociée par l’ONU en avril 2022.
AFP