À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la traite des êtres humains, l’UNICEF met en lumière la situation préoccupante des mineurs non accompagnés en France. Ces jeunes, en grande majorité originaires du Maroc et d’Algérie, sont les principales victimes d’exploitation criminelle dans le pays.
Un rapport récent d’UNICEF France, intitulé « Victimes avant tout… Protéger les enfants de l’exploitation criminelle », révèle que plus de 80 % des mineurs non accompagnés victimes d’exploitation en France proviennent de pays africains, principalement du Maroc et de l’Algérie. Le reste vient d’Europe de l’Est et du Sud. Parmi ces enfants exploités, près de 89 % sont des garçons.
Ces données concernent les mineurs identifiés et pris en charge par des associations spécialisées, mais le rapport souligne que de nombreux autres jeunes vivent dans des conditions précaires, souvent dans certains quartiers sensibles, où ils sont exploités pour commettre divers délits, sans être officiellement reconnus comme victimes de traite des êtres humains.
L’étude dénonce une approche sécuritaire qui criminalise ces mineurs sans prendre en compte leur exploitation. « Derrière certains comportements criminels se cache une exploitation invisible d’enfants soumis à l’emprise de trafiquants en toute impunité », affirme le document.
Selon les statistiques françaises de lutte contre la prostitution et la traite des êtres humains, deux tiers des victimes d’actes criminels en 2022 étaient des mineurs, souvent issus de milieux sociaux fragiles marqués par la pauvreté, l’isolement et la rupture scolaire.
Le rapport détaille les méthodes de recrutement de ces enfants : réseaux sociaux, rue, frontières, voire familles, sous promesses ou menaces. Ces mineurs sont exploités dans des activités variées : transport de drogues, vols, contrebande, violences, travail forcé, exploitation sexuelle, souvent de manière simultanée.
UNICEF pointe également les lacunes françaises en matière d’identification et d’orientation des victimes, ce qui sous-estime considérablement l’ampleur réelle du phénomène. En 2022, seules 352 victimes (adultes et enfants) ont été officiellement identifiées, chiffre tombé à 236 en 2023.
Le rapport critique aussi la perception des enfants victimes, souvent considérés comme délinquants, placés en détention ou poursuivis en justice sans réelle prise en charge après leur libération. La France est rappelée à ses obligations internationales, notamment la Convention relative aux droits de l’enfant, la Convention de Varsovie et le Protocole de Palerme, qui imposent de protéger ces enfants et de sanctionner leurs exploiteurs.
Adeline Hazan, présidente d’UNICEF France, appelle les autorités à agir rapidement en élaborant une stratégie cohérente de lutte contre l’exploitation criminelle des mineurs. Cette stratégie devrait s’appuyer sur trois piliers : prévention, identification des victimes et protection.