Cinq journalistes ont été tués lundi dans une frappe israélienne visant un hôpital de Gaza, qui a fait au total 20 morts, selon la Défense civile. Parmi eux figuraient des collaborateurs d’Al Jazeera, Reuters et Associated Press.
La chaîne qatarie Al Jazeera, l’agence canado-britannique Reuters et l’agence américaine Associated Press ont confirmé la mort de plusieurs de leurs collaborateurs dans les frappes israéliennes visant lundi l’hôpital Nasser, à Khan Younès, dans le sud de Gaza. Les trois médias ont exprimé leur choc et leur profonde tristesse.
L’armée israélienne a admis avoir mené « une frappe dans la zone de l’hôpital Nasser », tout en annonçant l’ouverture d’une enquête. Elle a assuré « ne pas cibler les journalistes en tant que tels » et a déclaré « regretter tout dommage causé à des personnes non impliquées ».
Peu après les bombardements, des images de l’AFP montraient de la fumée envahissant le ciel et des débris à l’extérieur de l’hôpital. Des Palestiniens s’efforçaient d’évacuer des blessés, transportant des corps ensanglantés à travers le complexe médical. Une scène montre un corps suspendu au dernier étage du bâtiment, tandis qu’un homme hurle en contrebas. Une femme blessée, vêtue d’une blouse blanche, a été transportée sur une civière, la jambe bandée et les vêtements maculés de sang.
Selon Reuters, son collaborateur tué diffusait un direct depuis l’hôpital au moment de la première frappe, une transmission brusquement interrompue. Plus tard dans la journée, les corps des journalistes ont été portés par la foule, enveloppés dans des linceuls blancs, leurs gilets pare-balles déposés au- dessus.
D’après Mahmoud Bassal, porte-parole de la Défense civile, vingt personnes ont trouvé la mort dans les frappes sur l’hôpital, dont « cinq journalistes et un membre de la Défense civile ». L’établissement a été touché à deux reprises : d’abord par un drone explosif, puis par une frappe aérienne alors que des blessés étaient en cours d’évacuation. Treize autres personnes ont péri ailleurs dans le territoire palestinien, régulièrement visé par des bombardements meurtriers dans le cadre de l’offensive israélienne.
L’Association de la presse étrangère (FPA), qui représente les correspondants internationaux basés en Israël et dans les Territoires palestiniens, a exigé des « explications immédiates » et dénoncé une « pratique abjecte consistant à prendre des journalistes pour cible ».
Les agences de presse endeuillées ont pris la parole. Reuters a déclaré : « Nous sommes dévastés d’apprendre le décès de Hossam al-Masri, collaborateur de Reuters, et les blessures infligées à Hatem Khaled lors des frappes contre l’hôpital Nasser. » Associated Press s’est dite « choquée et attristée » par la mort de Mariam Dagga, 33 ans, journaliste photo indépendante. Al Jazeera a dénoncé la mort du photojournaliste Mohammad Salama et accusé Israël de chercher à « faire taire la vérité ». La chaîne avait déjà perdu six collaborateurs, dont quatre journalistes, dans une frappe israélienne deux semaines plus tôt.
Le syndicat des journalistes palestiniens a identifié les deux autres victimes comme Moaz Abou Taha et Ahmad Abou Aziz.
Philippe Lazzarini, chef de l’UNRWA, a dénoncé ces frappes, estimant qu’elles visaient « à faire taire les dernières voix qui dénoncent la mort silencieuse d’enfants victimes de la famine » et condamnant « l’indifférence et l’inaction du monde ».
Ravina Shamdasani, porte-parole du Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme, a rappelé que « les journalistes ne sont pas une cible. Les hôpitaux ne sont pas une cible » et ajouté : « L’assassinat de journalistes à Gaza devrait choquer le monde, non pas en le plongeant dans un silence stupéfait, mais en le faisant agir. »
Depuis le 7 octobre 2023, près de 200 journalistes ont été tués dans la bande de Gaza, selon le Comité pour la protection des journalistes et Reporters sans frontières. L’attaque du Hamas en Israël ce jour-là avait coûté la vie à 1.219 personnes, en majorité des civils israéliens, selon un décompte de l’AFP basé sur des chiffres officiels. Les représailles israéliennes ont depuis fait plus de 62 744 morts à Gaza, en majorité des civils, plongeant l’enclave dans une crise humanitaire sans précédent.