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Kénitra : l'Université de Ibn Tofaïl accueille une conférence internationale autour des relations maroco-britanniques et les enjeux d'un partenariat stratégique

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Dans un contexte mondial en constante évolution, où les nations redéfinissent leurs priorités stratégiques, les relations maroco-britanniques font figure de paradigme exceptionnel. Elles allient la profondeur d'un héritage historique séculaire à la promesse d'un avenir riche en opportunités.

C'est dans cette optique que l'Université de Ibn Tofaïl à Kénitra a accueilli ce samedi 14 décembre 2024, une conférence internationale organisée par le programme doctoral en journalisme et médias modernes de la Faculté des langues, lettres et arts, en collaboration avec le professeur Hamouche Mhammed, éminent universitaire de l'Université Ibn Tofaïl. Sous le titre « Les relations maroco-britanniques : un partenariat stratégique dans un monde en mutation », l'événement a réuni d'éminents universitaires et des experts de renom pour explorer les horizons d'une coopération bilatérale renouvelée.

Un patrimoine partagé : des échos intemporels entre Fès et Manchester

Dr. Badr Guennoun ; professeur d'anthropologie du genre et d'études anglaises a livré une analyse magistrale intitulée « L'écho de Fès à Manchester : les marchands fassis et les connexions maroco-britanniques ». S'appuyant sur une érudition historique exemplaire, il a exploré le rôle fondamental joué par les marchands de Fès du XVIIIe siècle dans le tissage des relations économiques et culturelles avec Manchester, alors foyer rayonnant de la révolution industrielle britannique.

M. Guennoun a souligné le rôle central joué par les commerçants fessiens dans le développement des relations économiques et culturelles entre le Maroc et la Grande-Bretagne. Grâce à leurs activités commerciales, notamment à Manchester, ces commerçants ont contribué à tisser des liens solides entre les deux pays. Leur commerce, marqué par des échanges de biens et de cultures, a renforcé les relations diplomatiques et populaires.

Selon le Dr. Guennoun, le Maroc a toujours fait un usage habile de la diplomatie douce, bien avant que ce concept ne soit formalisé par l'universitaire Joseph Nye. En effet, les relations entre le Maroc et la Grande-Bretagne n'ont pas seulement reposé sur la diplomatie officielle, mais ont également fait appel à la diplomatie parallèle comme les échanges commerciaux, culturels et même religieux, construisant ainsi des relations durables basées sur l'attraction et la persuasion.

En outre, le professeur a donné un exemple concret de l'interaction culturelle entre les deux nations : le thé marocain. Il a expliqué que l'introduction du thé au Maroc au XVIIIe siècle est due à des commerçants britanniques tels que Richard Wright, qui a laissé son empreinte sur les marchés de Fès. Il a ajouté que le terme « Red », utilisé à Fès pour désigner les produits de thé de haute qualité, est en fait une déformation du nom « Wright », reflétant l'influence culturelle britannique au Maroc.

Il a également présenté les principaux accords historiques entre les deux royaumes, à commencer par le traité de 1751 signé par le sultan Moulay Abdallah avec le marchand britannique William Pettygrove, qui garantissait aux ressortissants marocains le droit de vivre et de travailler librement à Gibraltar. Cette coopération s'est poursuivie à travers de nouveaux traités signés en 1760, 1791, 1801 et 1824, visant à faciliter le commerce et à protéger les droits des marchands marocains sur les marchés britanniques.

Par ailleurs, M. Guennoun a conclu en soulignant l'importance d'étudier ces moments historiques afin d'en tirer des leçons précieuses pour le renforcement des partenariats stratégiques actuels. Si les temps ont changé, l'esprit de coopération, les échanges culturels et économiques et la volonté de travailler ensemble sont restés les mêmes.

Les leviers numériques : une fenêtre sur un dialogue contemporain

Dans une perspective plus contemporaine, Mohamed Yassine Mhamedi, expert en communication visuelle et identité visuelle, a mis en exergue l’immense potentiel des plateformes digitales comme vecteurs d’interaction entre les deux peuples. Les médias numériques, selon lui, transcendent les frontières géographiques et offrent une arène unique pour forger des récits partagés, valorisant les réalisations marocaines et célébrant la richesse de ses projets de développement.

En prônant une stratégie de contenu immersive et interactive, Mhamedi a plaidé pour une production médiatique ambitieuse, incluant des documentaires et des campagnes culturelles multilingues, aptes à sublimer l’héritage commun et à accroître le rayonnement du Royaume auprès du public britannique.

M. Mhamedi a souligné dans son discours que les médias numériques sont désormais des outils primordiaux dans l'élaboration des relations internationales. Il a affirmé que « les médias numériques sont plus que de simples canaux de communication ; ils représentent une véritable plateforme pour créer des récits partagés qui favorisent une meilleure compréhension entre les nations ». Selon lui, le Maroc a une occasion unique de tirer parti des médias numériques pour promouvoir son riche patrimoine culturel et ses projets de développement, renforçant ainsi son rôle de partenaire stratégique de choix pour le Royaume-Uni.

En outre, il a insisté sur la nécessité de concevoir un contenu interactif qui puisse non seulement illustrer les atouts communs des deux nations, mais aussi promouvoir des secteurs stratégiques tels que le patrimoine culturel, l'éducation et l'innovation technologique. « L'investissement dans des documentaires et des programmes culturels multilingues est un levier essentiel pour stimuler la coopération culturelle, touristique et économique », a-t-il conclu.

La puissance douce au service de la diplomatie stratégique

Amine Sossi Alaoui, chercheur en médias et opinion publique, au faculté des langues, arts et lettres, à l'université Ibn Tofaïl - Kénitra, a mis en lumière le rôle du sport et de l’éducation comme vecteurs privilégiés de la diplomatie douce. Il a souligné l’impact du parcours exceptionnel de l’équipe nationale marocaine lors de la Coupe du Monde 2022, qui a suscité l’admiration des supporters britanniques et renforcé les affinités entre les deux nations.

M. Sossi Alaoui a évoqué le rôle central du sport dans le renforcement des relations, en soulignant la performance exceptionnelle de l'équipe marocaine lors de la Coupe du monde 2022 au Qatar, qui a attiré l'attention du public britannique et facilité le rapprochement des cultures. Il a également évoqué la coopération future dans le cadre des préparatifs du Maroc pour accueillir la Coupe du monde 2030 en partenariat avec l'Espagne et le Portugal, soulignant que « les investissements des entreprises britanniques dans les infrastructures sportives marocaines reflètent la profondeur des relations bilatérales ».

Le professeur a également abordé l'importance de l'éducation dans le renforcement des relations bilatérales, louant les initiatives conjointes telles que les bourses d'études et les programmes de recherche scientifique. Il a mentionné que « les programmes académiques conjoints contribuent à renforcer la compréhension mutuelle entre les cultures », faisant référence au programme « Researcher Links » qui soutient la coopération entre les chercheurs marocains et britanniques.

Dans son allocution, M. Sossi Alaoui a insisté sur l'importance des médias et des arts dans l'amélioration de l'image positive des deux pays, citant le festival Art House de Londres, qui présente des films marocains, comme un exemple de coopération culturelle bilatérale. Il a également appelé au développement de projets artistiques et médiatiques communs qui renforcent les valeurs partagées.

En outre, Il a expliqué que des opportunités prometteuses émergent pour renforcer le partenariat maroco-britannique par le biais de la puissance douce, telles que l'élargissement de la coopération sportive et culturelle et l'augmentation des programmes d'échanges académiques. Cependant, il a également mis l'accent sur les défis, tels que les priorités nationales divergentes et l'inégalité des ressources.

En effet, l'organisation d'événements culturels conjoints, tels que des festivals et des expositions célébrant les deux cultures, et l'approfondissement de la coopération universitaire, en soutenant des programmes conjoints de recherche et d'éducation, font partie des recommandations présentées en conclusion par Dr. Sossi Alaoui.

Ce colloque international a ouvert de nombreuses perspectives pour l'approfondissement du partenariat entre le Maroc et le Royaume-Uni, dans un monde marqué par une dynamique de changement incessante. Tournées vers l'avenir, les deux nations disposent des atouts nécessaires pour approfondir leur coopération, que ce soit dans le domaine du sport, de l'éducation ou des médias. De la sorte, ces deux pays sont appelés à devenir des acteurs majeurs d'un monde en pleine redéfinition, illustrant par leur alliance l'efficacité d'une diplomatie audacieuse et visionnaire.

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