Al Jazeera : Entre promotion touristique de Dakhla et ambiguïté sur la question du Sahara

La chaîne "Al Jazeera", généralement perçue comme une plateforme médiatique qui s’efforce de maintenir une certaine neutralité, a récemment adopté une posture qui semble s’éloigner de cette ligne éditoriale en ce qui concerne le conflit du Sahara.

Ce changement de cap est apparu de manière flagrante lorsqu’elle a promu la ville de Dakhla, un territoire situé dans le Sahara marocain, comme une destination touristique de choix. L'article publié sur son site officiel sous le titre "Dakhla, une destination de tourisme d'aventure et de sports nautiques" a suscité de vives réactions, car il est perçu par de nombreux observateurs comme un acte de soutien implicite à la position algérienne, malgré le fait que cette ville fasse partie du Maroc.

Dans cet article, la chaîne qatarienne a détaillé les attractions touristiques de Dakhla, les options de transport disponibles pour y accéder, ainsi que les diverses activités que la ville offre aux touristes, notamment des sports nautiques et des aventures en plein air. Bien que cet aspect de la promotion touristique ne semble pas, de prime abord, lié au conflit du Sahara, il s’inscrit néanmoins dans un contexte géopolitique plus large, où chaque déclaration ou geste, même apparemment neutre, peut être interprété sous l’angle du différend territorial qui oppose le Maroc à l’Algérie.

En effet, la ligne éditoriale de "Al Jazeera" a souvent été critiquée par les observateurs marocains pour son traitement du dossier du Sahara. Le média, tout en étant une voix influente dans le monde arabe et au-delà, est fréquemment accusé de prendre des positions partiellement favorables à l’Algérie. Cela s'est traduit par des omissions notables sur ses cartes, où le Sahara n'était parfois pas représenté comme faisant partie du Royaume du Maroc. De telles représentations sont perçues par de nombreux Marocains comme une remise en cause de la souveraineté du Maroc sur ses territoires du sud, et suscitent des protestations régulières, tant au niveau populaire que diplomatique.

Pourtant, cette prise de position de la chaîne qatarienne semble contraster avec les déclarations répétées du gouvernement qatari, qui affirme son soutien à l'intégrité territoriale du Maroc. Le Qatar, par l’intermédiaire de ses autorités et de la diplomatie de Doha, a toujours réaffirmé son appui à la solution de l’autonomie proposée par le Maroc pour résoudre le conflit du Sahara, un plan qui est largement soutenu par la communauté internationale. Ce paradoxe entre le discours officiel du Qatar et les actes médiatiques de "Al Jazeera" crée une ambiguïté qui n’échappe pas aux observateurs marocains.

Ainsi, le public marocain, en particulier les spectateurs assidus de "Al Jazeera", ressent une certaine frustration face à cette attitude qu’il considère comme incohérente et contraire aux intérêts de leur pays. Nombreux sont ceux qui appellent à une meilleure alignement de la chaîne qatarienne avec la politique étrangère officielle du Qatar, afin que les médias, tout comme la diplomatie, soutiennent pleinement la souveraineté du Maroc sur son Sahara et reconnaissent l’initiative d’autonomie comme la base d'une solution juste et durable au conflit.

En outre, bien que la promotion touristique de Dakhla par "Al Jazeera" puisse être perçue comme une initiative purement commerciale ou culturelle, elle s’inscrit dans un contexte géopolitique complexe où chaque geste, chaque mot, chaque omission a un poids considérable. Le rôle des médias dans la construction de l’opinion publique est crucial, et la position de "Al Jazeera" dans le dossier du Sahara continuera à faire l’objet d’un examen attentif tant au Maroc qu’à l’échelle internationale.