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Dans les milieux éducatifs, l’incompréhension grandit face au silence jugé énigmatique de Mohamed Saad Barada, ministre de l’Éducation nationale, du Préscolaire et des Sports, alors que les actes de violence en milieu scolaire connaissent une recrudescence inquiétante à travers le Royaume.
Le dernier drame en date, survenu à Arfoud, a profondément choqué l’opinion publique : une professeure de français, exerçant dans un institut de formation professionnelle, a tragiquement perdu la vie après une agression brutale perpétrée par un élève. Un événement tragique qui ravive un débat national de fond sur la sécurité au sein des établissements éducatifs.
Face à cette montée préoccupante des violences, les cinq principaux syndicats de l’enseignement (UMT, CDT, UGTM, FDT et FNE) ont appelé à des mouvements de protestation : des sit-in pendant les pauses, le port du brassard les lundi et mardi, une journée de grève prévue mercredi prochain, ainsi que des rassemblements devant les directions provinciales et les académies régionales.
Avant l’arrivée de Barada à la tête du ministère, une note ministérielle (n° 24/146) avait été adressée aux services régionaux et aux directions des établissements. Elle faisait suite à la controversée « circulaire sur le jardinage » et appelait à renforcer la lutte contre les violences scolaires, en créant un climat propice à l’apprentissage, conformément à la feuille de route 2022-2026 pour une école publique de qualité, sécurisée et inclusive.
Cette fameuse circulaire de 2014, souvent qualifiée de « circulaire du jardinage », proposait comme mesure disciplinaire l’entretien des cours et jardins scolaires par les élèves fauteurs de troubles. Aujourd’hui, nombre d’enseignants estiment qu’elle limite considérablement les marges de manœuvre des conseils de classe, qui peinent à appliquer des sanctions véritablement dissuasives.
En l’absence de textes législatifs clairs et contraignants dans le domaine éducatif, une partie croissante du corps enseignant redoute une banalisation de la violence, laquelle pourrait, à terme, conduire à une explosion de la criminalité en milieu scolaire, sapant ainsi la symbolique de l’institution éducative publique.
Des voix s’élèvent aujourd’hui pour demander l’abrogation pure et simple de la circulaire du jardinage, ainsi que la promulgation de lois répressives et protectrices, à même de garantir la sécurité du personnel éducatif et de redonner à l’école publique marocaine toute sa dignité.