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Tahar Ben Jelloun: « Le temps est avec l’équipe du Maroc. Les peuples arabes et africains sont avec elle »

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Dans ma vie, j’aurais vécu deux moments historiques d’une importance primordiale : le retour du roi Mohammed V (1909-1961), c’était le 16 novembre 1956 (retour qui a conduit à l’indépendance du Maroc), et la qualification, le 10 décembre, des Lions de l’Atlas pour la demi-finale de la Coupe du monde de football. Deux événements qui n’ont rien à voir entre eux mais qui ont produit un effet exceptionnel sur l’ensemble du peuple marocain. Des foules euphoriques, drapeaux dans le vent, hommes, femmes et enfants mélangés dans une joie commune, dans une fête spontanée, sincère et vive.

Dimanche soir, je suis allé avec des amis sur la corniche de Casablanca. Nous étions à pied, tenant entre nos mains le drapeau marocain, fous de bonheur, nos larmes heureuses coulaient, et notre fierté nous donnait une énergie qu’on ne pouvait pas soupçonner.

Moi qui ne suis pas un fan du football, me voilà englué dans un phénomène qui dépasse l’entendement. J’ai regardé les cinq matchs que le Maroc a joués. Une passion que je ne me connaissais pas. Le cœur serré, les nerfs à bout, la tension extrême, le regard obnubilé par l’écran, je suis devenu quelqu’un d’autre. J’ai appris par cœur le nom des joueurs. La plupart jouent dans des équipes européennes. Certains sont issus des quartiers populaires de Casablanca comme Atyat Allah, Jawad El Yamiq, Achraf Dari, Yahya Jabrane et Azzedine Ounahi. Quelques-uns ont suivi la formation de l’académie Mohammed VI.

Je sais tout de la vie du sélectionneur, Walid Regragui. Sa mère, femme de ménage à Orly. Lui jouant dans de petites équipes. Un homme modeste qui croit à l’effort et au travail bien fait. Il n’aime évoquer ni la chance ni le hasard. Seules la rigueur du travail et la persévérance comptent pour lui. Il a appliqué cette méthode avec exigence aux Lions de l’Atlas.

J’avoue avoir eu du mal à le croire, à voir cette foule magnifique marcher dans les grandes avenues de cette corniche devenue pour un soir piétonne, nous nous sommes rendu compte que ce que nous avions vu sur les écrans de la télé était une réalité : le Maroc qualifié pour jouer la demi-finale. Plus tard dans la soirée, on apprendra que ce sera contre la France.

Article publié par "Le Monde", où l’écrivain et peintre franco-marocain Tahar Ben Jelloun évoque sa joie face aux performances à la Coupe du monde de football de l’équipe marocaine, qui rencontre la sélection française en demi-finale le 14 décembre.

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