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Le projet de loi de finances pour l’année 2025 marque un tournant décisif dans le paysage fiscal marocain en s’attaquant aux zones encore peu régulées de l’économie numérique. En ligne de mire, les créateurs de contenu et les professionnels du commerce électronique, dont les revenus et les biens feront désormais l’objet d’une surveillance accrue, avec pour objectif affiché d’instaurer une véritable justice fiscale.
Selon des informations relayées par le quotidien Al Akhbar, le gouvernement prévoit de diversifier les sources de recettes fiscales en introduisant de nouvelles catégories d’imposition. Parmi les cibles principales figurent les créateurs de contenu opérant sur des plateformes populaires telles que TikTok, Facebook, YouTube et Instagram, où une activité florissante génère des revenus souvent échappant à tout cadre fiscal.
Ce dispositif, fruit de plusieurs années de débats, entrera en application dès le 1er janvier 2025. Les créateurs de contenu numérique seront soumis à une taxe sur le revenu fixée à 30 %. Ce pourcentage s’appliquera aux revenus perçus, qu’ils proviennent de partenariats commerciaux, de publicités ou de toute autre forme de monétisation sur ces plateformes.
Pour les autorités, cette mesure vise à réduire les disparités entre les contribuables traditionnels, déjà soumis à des obligations fiscales strictes, et les acteurs de l’économie numérique, jusqu’alors relativement épargnés. En outre, elle traduit une volonté plus large de moderniser le système fiscal marocain en s’adaptant aux mutations économiques induites par la digitalisation et l’essor du commerce en ligne.
Cependant, cette nouvelle fiscalité suscite déjà des interrogations et des critiques. Certains observateurs craignent que l’imposition de ces revenus, souvent irréguliers et imprévisibles, n’étouffe l’élan créatif de nombreux jeunes Marocains qui voient dans ces plateformes une opportunité économique et un espace d’expression. Par ailleurs, des questions restent en suspens quant aux mécanismes de contrôle, notamment la manière dont les autorités fiscales pourront tracer et évaluer avec précision les revenus issus d’un secteur aussi dynamique et diversifié.
En dépit des controverses, cette réforme fiscale apparaît comme un pas en avant vers une meilleure intégration de l’économie numérique dans les politiques publiques, tout en mettant l’accent sur le principe d’équité contributive. Reste à savoir si l’application pratique de cette taxe permettra de concilier les ambitions du gouvernement avec les attentes des principaux concernés.