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La présence des soldats et des espions français peut être vue comme un aspect de la guerre froide mais aussi très typique à l’époque actuelle malgré la domination du monde par le digital. En effet et selon le livre publié par les deux journalistes, Antoine Glaser et Thomas Hofnung « nos chers espions en Afrique », l’intelligence française est la plus ancienne en Afrique de l’est par son service secret connu sous la « Direction Générale de la Sécurité Extérieure (DGSE), mais qui est entrain de perdre sa position face à d’autres agences concurrentes.
C’est un livre sorti en 2018 qui met en exergue le rôle des services secrets français en Afrique en général et en Afrique de l’Est en particulier. Une investigation qui nous laisse quat face à cette intelligence française qui a débuté juste à partir du moment où l’influence coloniale en Afrique s’est vue en pleine crise à cause des mouvements d’indépendance des pays colonisés. A cet égard, l’homme clé de cet héritage fut Jacques Foccart, Ex-Secrétaire Général de l’Élysées des affaires africaines et Malgaches entre 1960 et 1974, connu sous « Monsieur Afrique ». Un expert des réseaux de renseignement de la France libre durant la 2ème Guerre Mondiale et fondateur des services secrets dans les pays africains ayant acquis leur indépendance.
Plusieurs exemples sont illustrés dans ce livre qui témoignent du rôle des services secrets pour la stabilité des nouveaux leaders des pays à peine sortie de l’emprise coloniale française comme Félix Houphouët-Boigny en Côte d’Ivoire. Ce dernier a bénéficié du soutien de Foccart. Les auteurs expliquent que le maintien de l’influence française en Afrique s’est fait à travers la coopération en matière d’éducation par les coopérants qui enseignaient que ce soient dans les écoles, les lycées voire même les universités. Tous chargés de rédiger des rapports pour les services secrets français (SDECE), devenu par la suite (DGSE). Ces réseaux furent pilotés par Foccart et portaient le nom de « Foccart Réseaux » et jouaient un rôle prépondérant dans le maintien des intérêts français dans les pays africains où ils s’activaient.
Le livre poursuit que ces réseaux, en dehors de la collecte des informations, ils sont aussi d’une aide précieuse pour l’élaboration d’un agenda en Afrique même militaire dans les cas échéants comme c’est le cas au Gabon avec le soutien d’Omar Bongo pour faire tomber Leon Mba élu en 1961, ainsi que la Guinée, le Congo, le Nigéria et le Chad. Une autre figure emblématique de ces espions fut Robert Denard.
Toujours selon Glaser et Hofnung, ces réseaux de renseignement étaient très cruciaux pour les interventions militaires françaises en Côte d’Ivoire, en Lybie et le Sahel.
En effet, il existe deux raisons pour la France d’établir son idéologie dans la région. La première est de faire face au communisme durant la guerre froide et par là maintenir son pouvoir sur les anciennes colonies. Une optique pour faire d’une pierre deux coups, primo, éviter aux pays, après la décolonisation, de joindre l’Union Soviétique et secundo empêcher l’introduction américaine en Afrique.
La deuxième raison est de renforcer la présence des valeurs des Nations-Unies dans la région, souhaitant ainsi un soutien de l’ONU pour agir à son aise dans ces pays.
Un autre point aspect soulevé par les deux auteurs, ce sont les intérêts politiques et économiques de la France dont les énergies ainsi que l’extraction des ressources minières pour les compagnies françaises. Une connexion très prisée et à titre d’exemple la naissance de Total en 2020 passant par le contrôle monétaire de l’Afrique de l’Ouest et de l’Est par le CFA, utilisé par 160 millions d’habitants.
Quant au déclin de l’influence française, et plus particulièrement au niveau des réseaux de renseignement, les eux auteurs estiment que malgré leur présence actuelle, d’autres agences se sont emparées du terrain à savoir la Chine, la Russie, les Etats-Unis, le Royaume Uni, Israël et la Turquie. A noter également ce conflit entre la privatisation des réseaux et les agences classiques et cet effet les auteurs citent comme exemple la Direction du Renseignement militaire (DRM) avec ses 6500 agents pour un budget annuel de 700 millions d’euros, la Direction Générale de la Sécurité intérieure (DGSI) et finalement la plus forte la DGSE et qui ont parfois du mal à coordonner.
En conclusion, plusieurs faits relatés dans le livre ne peuvent pas être confirmés depuis que les deux investigateurs ont accueilli testaments et mené leurs enquêtes. Cependant, il faut reconnaitre que c’est une grande œuvre compte tenu de la pertinence de trouver l’information là où il le faut.
ML