Mustapha Tossa :"La France n'a pas le choix que de s'inscrire dans la poussée internationale qui est entrain de reconnaitre la marocanité du Sahara"
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Une visite officielle du président Emmanuel Macron au Maroc est prévue janvier 2023, pour deux jours minimums. Dans ce sens, Catherine Colonna la cheffe de la diplomatie française fera un déplacement au Maroc, vers mi-décembre, et une rencontre avec Nasser Bourita, le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale serait prévue.
Ce n’est un secret pour personne qu’un vent glacial souffle sur l’axe Rabat-Paris, accentué par une montée de crispations.
La distanciation diplomatique entre les deux pays est apparue avec le début de la crise sanitaire, elle est devenue de plus en plus présente avec les récentes prises de position de la France.
Le journaliste éditorialiste franco marocain Mustapha Tossa, revient dans cet entretien avec Belpresse sur les tensions et les différents scénarios d’avenir pour les relations diplomatiques entre Rabat et Paris.
D’après Mr.Tossa, les crispations entre le Maroc et la France se sont intensifiées à cause de la décision de la France de diviser par deux les visas accordés aux Maroc, ainsi que d’autres raisons moins assumées, tels que "une mauvaise humeur française" face à l’accord tripartite Maroc-USA- Israel, qui ne bénéficie pas ses intérêts, "les français aurait appris la naissance de ce traité par la presse" déclare le journaliste, "elle était surprise dans un territoire qu’elle était censée contrôler sur le plan politique, médiatique et sur le plan du renseignement" poursuivit-il.
Parmi les raisons cachés, l’affaire pégasus où le Maroc a été accusé à l’été 2021 d’avoir utilisé le logiciel espion Pegasus pour un potentiel espionnage, la plainte a été jugée irrecevable par le tribunal correctionnel de Paris, cette polémique avait laissé une trace sur l’axe Paris-Rabat.
L’ouverture du Maroc vers l’Afrique fait partie des éléments non-dits qui pourraient expliqués cette crise, cet engagement qui embrasse désormais tous les domaines, qu’ils soient politiques, économiques, sociaux, culturels ou spirituels représente un danger pour la France, dans le sens où le Maroc va concurrencer les sociétés française et européenne sur le marché africain , "surtout que l’Afrique a été considéré comme un jardin presque privé de la France" déclara Tossa.
La France a soutenu le plan marocain d'autonomie depuis 2007, mais le Maroc demande plus de clarté au sujet de la marocanité du Sahara à travers un engagement clair . Le 20 août, SM le Roi Mohammed VI s’était adressé aux partenaires du royaume “encore indécis” et qui affichent des positions “ambiguës”, pour “qu’ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d’une manière qui ne prête à aucune équivoque”.
"Je voudrais adresser un message clair à tout le monde : le dossier du Sahara est le prisme à travers lequel le Maroc considère son environnement international", a déclaré le roi dans un discours radio-télévisé à l'occasion de la fête de la Révolution du roi et du peuple,
"S'agissant de certains pays comptant parmi nos partenaires, traditionnels ou nouveaux, dont les positions sur l'affaire du Sahara sont ambiguës, nous attendons qu'ils clarifient et revoient le fond de leur positionnement, d'une manière qui ne prête à aucune équivoque", a averti le souverain chérifien. Malgré que sa majesté n'a pas précisé à quels pays s'adressait plus particulièrement son message, Paris est de toute évidence dans la ligne de mire du monarque.
Le cumul de tous ces éléments, ainsi que le manque de communication a donné naissance à une crise froide glaciale entre les deux pays.
D’après Mustapha Tossa, cette visite longuement attendu par les deux pays a pour objectif de mettre fin au coup de froid diplomatique et clôturer politiquement ce conflit franco-marocain et lancer un nouveau partenariat entre le Maroc et la France, crédible, sérieux et solide "car les deux pays ne peuvent pas se permettre le luxe d’avoir une crise aussi longue et aussi profonde et aussi destructrice des intérêts mutuels des deux pays" dit tossa.
"Tous les indicateurs, que ce soit la France ou l’Europe se dirigent vers le soutien effectif à la solution des nations unis, qui elle-même, le voit comme autre solution pour cette crise, que l’option de l’autonomie et donc forcément la marocanité du Sahara" poursuivit le journaliste, "Paris finira par se ranger derrière les grands pays qui ont reconnu la marocanité du Sahara" conclut le journaliste.