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Maroc : Divergences politiques autour de la suspension de la peine de mort

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L’annonce de l’intention du Maroc de voter, pour la première fois, en faveur de la 10e résolution onusienne sur la suspension de la peine de mort a suscité des réactions contrastées au sein de la classe politique.  Tandis que les partis islamistes affirment que cette initiative ne constitue pas une avancée vers l’abolition de la peine capitale, d’autres formations politiques saluent cette décision, la qualifiant de « tournant historique en matière de droits humains ».

Le Parti du Progrès et du Socialisme (PPS) a exprimé son approbation, décrivant cette initiative comme une avancée significative et un signal prometteur en faveur de l’abolition complète de la peine capitale. Dans un communiqué publié ce mercredi 11 décembre 2024, le parti a souligné que cette décision marque un progrès majeur dans l’alignement du Maroc sur les standards universels relatifs aux droits humains.

De son côté, le Parti Authenticité et Modernité (PAM) a également applaudi cette démarche, la qualifiant de « décision historique » renforçant la culture des droits humains dans le pays. Selon un communiqué du PAM, cette initiative reflète une cohérence avec l’article 20 de la Constitution marocaine, qui stipule que « le droit à la vie est le premier des droits de tout être humain, et la loi protège ce droit ».

En revanche, le Parti de la justice et du développement (PJD) a réaffirmé son attachement à la peine capitale pour les crimes graves, en particulier les homicides volontaires. Le PJD considère que cette peine est conforme au principe du talion énoncé dans le Coran, assurant à la fois la réparation des victimes et un effet dissuasif sur la société.

Selon un communiqué publié le même jour, le PJD estime que l’intention du Maroc de soutenir cette résolution onusienne reflète davantage une continuité d’une pratique nationale, puisque le pays n’a plus procédé à des exécutions depuis 1993. Le parti rejette catégoriquement l’idée que ce vote puisse être interprété comme une étape vers l’abolition définitive de la peine de mort.

Lors d’une séance de questions orales au Parlement, le ministre de la Justice, Abdellatif Ouahbi, a confirmé l’intention du gouvernement de soutenir la résolution onusienne lors du vote prévu le 15 décembre 2024. Le ministre a décrit cette initiative comme un engagement en faveur de la protection du droit à la vie, en harmonie avec l’esprit de la Constitution marocaine.

Il a également souligné que cette décision reflète une volonté d’équilibrer les aspirations universelles en matière de droits humains avec les spécificités culturelles et sociétales du Maroc, tout en respectant le débat national sur cette question sensible.

Ce développement marque un tournant dans la position du Maroc, qui s'était jusque-là abstenu lors des votes précédents sur la suspension de la peine de mort à l’Assemblée générale des Nations Unies.

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