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Libye : les décisions du ministre de l'intérieur de mettre en œuvre la police des mœurs déclenchent une polémique intense

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Les déclarations du ministre libyen de l'Intérieur, Imad al-Tarabulsi, lors d'une conférence de presse ont suscité un large débat en Libye, après son annonce de vouloir imposer le port du hijab, d'éradiquer la mixité dans les cafés et d'interdire l'importation de certains types de vêtements.

Le ministère de l'Intérieur libyen considère qu'il est impératif de garantir la sécurité sociale et de s'éloigner des tentatives d'importation de cultures et de comportements qui ne correspondent pas à la culture, aux coutumes et aux traditions libyennes, ni aux enseignements de la religion islamique.

Les avis dans la rue libyenne et parmi les utilisateurs des réseaux sociaux ont été partagés : certains ont accueilli favorablement ces décisions, estimant qu'elles restreindraient la dégradation morale observée dans la société ces dernières années, tandis que d'autres y ont vu une atteinte aux libertés personnelles et un retour en arrière.

Un autre groupe a exprimé l'opinion que ces mesures préparaient le terrain pour la diffusion d'idéologies extrémistes, avec des risques d'imposition de telles idées dans les écoles, les programmes éducatifs et dans l'espace public.

Le ministre de l'Intérieur, en charge du gouvernement de l'unité nationale dont le mandat est arrivé à son terme, a expliqué que "le plan à venir du ministère inclut la mise en place de la police des mœurs et un accent particulier sur la sécurité visible", soulignant que "les rues et les pages des réseaux sociaux, y compris TikTok, seront surveillées".

Lors de la conférence de presse tenue mercredi, al-Tarabulsi a ajouté : "Nous allons activer la police des mœurs, et chaque direction de sécurité disposera d'un département spécialisé. Il est impératif de traiter les questions de mœurs dans leur contexte approprié, étant donné la sensibilité de ces enjeux sur le plan social." Il a également précisé qu'il n'était pas contre les droits de l'homme.

Le ministre a également évoqué les réseaux sociaux et les salons de coiffure, promettant de poursuivre les créateurs de contenu qui ne respecteraient pas la culture et les coutumes de la société libyenne, et de fermer les salons de coiffure ne respectant pas les normes légales et sociales. Il a souligné que "les comités électroniques du procureur général préparent des propositions pour surveiller et suivre ces pages".

Il a aussi annoncé que des poursuites seraient engagées contre les propriétaires de cafés et restaurants ainsi que contre ceux portant des vêtements inappropriés, qu'il s'agisse de jeunes hommes ou de jeunes femmes. Il a déclaré : "Nous ne permettrons à personne de s'asseoir avec une autre personne de manière irrespectueuse, et nous offrirons des formations à notre police en matière de savoir-vivre et de traditions religieuses."

Al-Tarabulsi a aussi invité ceux qui plaident pour la liberté individuelle sans respecter les traditions et coutumes libyennes à quitter le pays, précisant qu'il s'attendait à ce que ces mesures suscitent des problèmes, mais qu'il restait résolu à mettre en place la police des mœurs en réponse aux demandes sociales, même si ces questions comportaient des tentations considérables.

Le ministre a lancé un appel aux familles, en particulier aux femmes, pour participer à des formations organisées par le ministère de l'Intérieur afin de soutenir la mise en œuvre de la police des mœurs. Il a encouragé les citoyens à collaborer avec les autorités pour assurer la sécurité et maintenir l'ordre, précisant que la police des mœurs serait activée d'ici la fin du mois ou, au plus tard, le mois suivant.

Les points de vue des Libyens concernant les mesures du ministère de l'Intérieur varient : certains considèrent qu'il s'agit d'une étape dans la bonne direction pour ancrer les valeurs de la société libyenne et préserver ses traditions, tandis que d'autres estiment qu'elles préparent le terrain pour l'imposition d'idéologies extrémistes et la restriction des libertés personnelles.

La militante libyenne Amira Yousef a estimé qu'il y avait une différence entre préserver la moralité publique et imposer des lois similaires à celles de l'État islamique. Elle a interpellé le ministre en disant : "Nous sommes contre la débauche, la drogue, l'alcool, et la corruption sous toutes ses formes, mais imposer un certain vêtement aux jeunes filles et interdire aux femmes de voyager sans tuteur, ou de manger dans des lieux publics, c'est une dérive. Vous semblez vouloir transformer la Libye en un prolongement de l'État islamique, ce qui pourrait amener la communauté internationale et les organisations des droits de l'homme à intervenir."

D'un autre côté, un blogueur sur Facebook a qualifié ces déclarations de "catastrophiques", estimant qu'elles étaient une tentative de diffuser des idées extrémistes dans les écoles, les programmes scolaires et dans l'espace public.

La blogueuse Sand Chami a souligné que "la pensée saine n'a pas besoin de la police des mœurs pour se renforcer, mais plutôt de l'orientation des ressources de l'État vers l'éducation et la formation".

Enfin, certains Libyens se sont interrogés : "Pourquoi ne pas lutter contre la corruption, les produits périmés et les voleurs de fonds publics plutôt que de se concentrer sur cela ?"

À l'opposé, une minorité a estimé que rétablir la police des mœurs était une mesure positive face à l'expansion du corruption et à la violation des valeurs sociales.

Depuis la chute du régime de Kadhafi en 2011, la Libye vit dans un contexte de chaos, d'insécurité et de divisions politiques, avec un pays partagé entre deux gouvernements rivaux, l'un à l'est et l'autre à l'ouest.

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