Hadj Ahmed Barikallah, ancien haut responsable du Polisario a rompu avec le front séparatiste et fondé sa propre organisation, le Mouvement sahraoui pour la paix. Il a longuement raconté son parcours et les raisons qui l’ont poussé à quitter ses anciens camarades.
D’apés JeuneAfrique, Hadj Ahmed Barikallah, est un opposant pas comme les autres : à la différence des nombreux autres Sahraouis qui ont quitté les camps de Tindouf, base arrière de la République arabe sahraouie démocratique autoproclamée (RASD), Hadj Ahmed Barikallah ne s’est pas installé au Maroc, mais en Espagne, dans les Asturies. Un choix qui reflète sa volonté de se positionner comme une alternative politique crédible au Front Polisario, que cet ancien ministre de la RASD estime « gangrené par la corruption et voué à disparaître, au même titre que l’IRA en Irlande ». Ce qui l’a poussé à fonder, en avril 2020, le Mouvement sahraoui pour la paix (MSP).
Face à « la stagnation persistante », au « manque de perspectives » et au « bellicisme » des dirigeants du Polisario, le mouvement de Hadj Ahmed propose une « voie de sortie pacifiste ». Ses adhérents, issus de la diaspora sahraouie ou anciens membres du Front ayant quitté l’organisation en raison de conflits internes, œuvrent à une « solution de compromis viable et durable au problème du Sahara occidental ». Contrairement au Polisario, le MSP soutient ouvertement le plan d’autonomie marocain, dont il voudrait « négocier les termes », sans pour autant rallier le royaume comme d’autres ont pu le faire. Une nouvelle ligne politique soutenue par des personnalités politiques de haut rang, comme l’ex-chef du gouvernement espagnol Jose Luis Zapatero, et visant à trouver une solution de compromis à un conflit qui dure depuis plus de quarante ans.
À partir des années 1980, le journaliste devient diplomate et ambassadeur de la RASD, se hissant jusqu’aux plus hautes sphères du pouvoir. Découvrant, aussi, l’envers du décor. Nationaliste sahraoui convaincu, Hadj Ahmed Barrikallah a observé les travers et les dérives du mouvement auquel il avait, jusque-là, consacré toute son existence. Malgré les dons d’argent et de matériel, a-t-il constaté avec amertume, les conditions de vie dans les camps où vivent la plupart de ses compatriotes ne se sont jamais vraiment améliorées alors que les décennies passaient. Quant au pouvoir politique, il était confisqué par un cénacle très restreint régnant sans partage et décidant de tout.