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Le Maroc après le Mondial : capitaliser sur l’acquis de Doha et rester sur le sentier de l’excellence.

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Article de Abdeslam Seddiki, économiste et homme politique marocain.

« L’Argentine a remporté la coupe, le Maroc a gagné le Monde », tel est l’adage qui revient sur toutes les langues et dans toutes les publications au terme de cette compétition mondiale au cours de laquelle notre équipe nationale a fait sensation. Cette performance, jamais enregistrée par le passé par un pays appartenant au continent africain et au monde arabe, a fait du Maroc celui qui a marqué le plus ce rendez-vous footballistique. Les statistiques sont frappantes : aucun but n’est encaissé pendant les trois rencontres des éliminatoires et ceci dans un groupe qualifié « groupe de la mort ». Qui plus est, notre valeureuse équipe, après un nul blanc face à la Croatie, s’est permis le luxe de battre la Belgique, classée au troisième rang mondial, par deux buts avant de battre le Canada également par le même score si on laisse de côté le but marqué contre nous, à la suite d’une erreur du défenseur marocain.  Ce résultat a permis à notre pays de finir le premier du groupe pour entrevoir la suite de la compétition avec sérénité et confiance.

Forts de cette position et animés d’une détermination   sans égale, nos talentueux joueurs sous l’égide de leur coach, qui s’est révélé un stratège hors norme, ont négocié les matchs éliminatoires avec une tactique appropriée et un esprit de gagnant en prenant les choses au sérieux. Ainsi, ont-ils relevé le défi de battre des équipes candidates au titre comme l’Espagne (à la suite des tirs aux buts) et le Portugal par un but qui restera dans les annales du Mondial.  Suite à ces deux victoires qui ont conduit le Maroc à jouer une demi-finale face au porteur du titre qui n’est autre que la France, et à deux pas pour décrocher le sésame, les manœuvres et les intrigues ont joué à fond   en vue de nous barrer la route vers la finale, en recourant à des procédés qui n’ont rien de sportif et sur lesquels il conviendrait de mettre toute la lumière. Pour la vérité. Pour l’histoire.

Qu’importe.  Notre équipe nationale et notre pays sont sortis gagnants de cette compétition en rentrant dans l’Histoire par la grande porte.  Le résultat atteint en dépit de tout est formidable et encourageant.  Notre peuple a vécu des moments splendides de fête et d’allégresse et il en avait vraiment besoin après des années du covid suivies par une crise économique profonde et une année de sécheresse sévère.  Trois grandes manifestations populaires ont démontré au monde entier la grandeur de notre pays et la maturité de notre peuple qui sait parfaitement faire la fête et apprécier les belles choses. Fait rarissime, au cours de ces marées humaines, dont les images resteront gravées dans la mémoire collective de tout un peuple, se côtoient riches et moins riches, hommes et femmes, adultes et enfants. C’est tout un peule qui a vécu dans l’unisson où seuls l’appartenance à la nation et l’amour de la patrie  comptent.

Cette ferveur populaire   et ce climat festif sont vécus également, en signe de solidarité et de reconnaissance, par tous les peuples qui partagent avec nous le même destin et qui souffrent des injustices, de l’humiliation et du mépris notamment dans les pays arabes et africains. Pour ces peules, les victoires de l’équipe marocaine sont porteuses d’espérance pour un monde meilleur et pour plus de justice sociale. Le fait même que le Mondial soit organisé dans un pays arabe, le Qatar en l’occurrence, et avec le succès que tout le monde reconnait, est significatif à ce sujet.

Il faut reconnaitre que cette épopée marocaine n’est pas un produit de hasard, ni un accident de l’histoire. Au contraire, elle s’inscrit dans le droit fil de la Marche Verte et dans une dynamique de progrès   et de réformes que connait le Maroc depuis plus de deux décennies. Certes, à certains moments, on a l’impression que l’histoire avance au ralenti, mais dès qu’un évènement exceptionnel se produit, celle-ci s’accélère. Et c’est exactement ce qui s’est passé lors de ce Mondial.  Il a fallu juste exploiter d’une façon intelligente et méthodique le potentiel dont nous disposions.  C’est là où réside le génie de Walid Regragui qui   a cru dès le départ à la victoire et incité ses joueurs à avoir confiance en leurs capacités tout en privilégiant le collectif sur l’individuel et en créant un climat convivial entre tous les membres de l’équipe. La notion de « Niya » qui n’a pas d’équivalent précis en français (la bonne intention, la foi…) mérite d’être enseignée et vulgarisée pour faire partie du socle de nos valeurs communes.

Le Maroc se trouve désormais parmi les quatre grands pays du football. C’est une fierté pour nous tous Marocains qui avions tant rêvé d’un tel exploit. C’est également une fierté pour l’ensemble des peuples arabes et africains qui n’ont pas caché leur joie à chaque fois que l’équipe nationale arrache une victoire.  Par conséquent, notre pays a le devoir de tout faire pour rester sur le sentier de l’excellence en réalisant des victoires similaires sur les plans économique, social et politique afin de se hisser au rang des grands comme il l’a fait pour le football. Il en a tous les ingrédients en commençant par capitaliser sur l’acquis de Doha.  Le Maroc a toujours été considéré comme un pays crédible.   Il le sera davantage à l’avenir en poursuivant le chemin avec la même détermination et en mobilisant tout le potentiel dont il dispose tant en ressources humaines   qu’en ressources matérielles, sans oublier le « capital immatériel ». C’est le moment ou jamais de faire valoir le « made in Morocco » en mettant toute notre intelligence collective dans une telle entreprise. Il faut continuer à investir massivement dans le « capital humain » car ce sont les hommes et les femmes qui créent la richesse comme l’écrivait à juste titre Jean Bodin en 1576, et avant lui, le penseur arabe Ibn Khaldoun, « il n’est de richesse que d’hommes ».

On ne doit pas également perdre de vue la responsabilité du Maroc à l’égard des pays du « tiers-monde » et de leurs peuples qui voient en lui le modèle de réussite à suivre.  Notre pays a déjà mis en œuvre une nouvelle approche de partenariat sud-sud telle qu’elle a été conçue par le Souverain. Il convient de la généraliser à l’ensemble des pays avec des objectifs communs et militer ensemble pour un nouvel ordre économique mondial en parallèle à un nouvel ordre footballistique mondial dont les prémices sont apparues lors du Mondial de Doha.

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