L’affaire du “vendeur de sardines” portée au Parlement et relance le débat sur la spéculation des prix
Fatima Tamni, députée de la Fédération de la gauche démocratique, a exprimé ses vives préoccupations quant aux dangers auxquels s’exposent ceux qui osent dénoncer la corruption au Maroc, qu’ils soient citoyens ordinaires ou petits commerçants. Elle a notamment évoqué le cas du jeune vendeur de sardines à Marrakech, dont l’initiative de vendre son poisson à cinq dirhams le kilogramme a suscité un vif débat public.
Dans une correspondance adressée au ministre de l’Agriculture, de la Pêche maritime, du Développement rural et des Eaux et Forêts, Mme Tamni a dénoncé l’emprise de certains acteurs sur le marché du poisson. Selon elle, les sardines sont achetées à un prix ne dépassant pas trois dirhams le kilogramme avant d’être revendues entre dix et vingt dirhams, une spéculation qui impacte lourdement le pouvoir d’achat des citoyens, particulièrement à l’approche du mois sacré de Ramadan.
La députée a également critiqué la célérité avec laquelle les autorités ont sévi contre ce jeune commerçant sous couvert de non-respect des normes sanitaires, plutôt que de diligenter une enquête approfondie sur la fixation des prix du poisson. Elle s’est interrogée sur le rôle de l’Office National de Sécurité Sanitaire des Produits Alimentaires (ONSSA), s’interpellant sur l’ampleur réelle de ses contrôles : s’appliquent-ils de manière équitable à l’ensemble des commerces, y compris aux grandes surfaces, ou visent-ils principalement ceux qui dénoncent les pratiques monopolistiques ?
Mme Tamni a rappelé que la régulation des prix relève de la responsabilité du ministère de l’Agriculture et de la Pêche maritime, mettant en lumière le mécontentement croissant des citoyens face à cette flambée incontrôlée et son impact sur leur confiance dans les institutions de contrôle. L’absence d’actions décisives contre les monopoles soulève, selon elle, des interrogations sur une possible connivence avec les grands acteurs du marché, au détriment des consommateurs.
Dans cette optique, elle a plaidé en faveur de l’ouverture d’une enquête rigoureuse et impartiale sur les mécanismes de tarification des produits halieutiques dans les grandes surfaces, dénonçant les pratiques spéculatives qui ne font qu’aggraver les difficultés économiques des ménages marocains. Elle a alerté sur les risques d’une impunité persistante qui renforcerait l’emprise des spéculateurs sur le marché et nuirait aux efforts de régulation.
En outre, Mme Tamni a exhorté le gouvernement à prendre des mesures concrètes et efficaces pour protéger les consommateurs marocains des pratiques abusives des monopoles, plutôt que de s’en prendre à ceux qui tentent de mettre en lumière les dérives du marché. Elle a souligné les répercussions négatives d’une telle approche sur la crédibilité des réformes économiques et la confiance des citoyens dans leurs institutions. Enfin, elle a interpellé le ministère sur les mesures qu’il envisage de mettre en œuvre pour lutter contre la spéculation sur les prix du poisson et garantir que ceux qui dénoncent ces pratiques ne soient ni inquiétés ni réprimés.