Confiance et cohésion sociale : Une enquête nationale souligne la persistance d’un climat de défiance au Maroc
Les conclusions de la troisième édition de l’Enquête nationale sur le lien social – pôle civil révèlent une défiance persistante entre les Marocains, avec un niveau de méfiance toujours préoccupant. En effet, quatre citoyens sur cinq estiment que les individus ne sont pas dignes de confiance.
Menée par l’Institut Royal des Études Stratégiques sur un échantillon de 6 000 personnes réparties à travers le pays entre décembre 2022 et février 2023, cette enquête met en lumière un constat frappant : 80 % des Marocains considèrent que seules quelques personnes méritent leur confiance.
Cependant, une analyse de l’évolution de cet indicateur sur sept ans révèle un net progrès : le taux de confiance interpersonnelle a été multiplié par quatre. Alors qu’en 2016, seulement 5 % des Marocains jugeaient que l’on pouvait faire confiance à la majorité des gens, cette proportion a grimpé à 20 % en 2023.
Concernant la confiance dans les institutions, les résultats montrent une hausse notable en ce qui concerne les « institutions souveraines », tandis que la perception des médias demeure stable. En revanche, c’est dans le champ politique que la défiance atteint son paroxysme, avec une chute marquée du niveau de confiance des Marocains envers les partis politiques.
Autre enseignement majeur de cette édition 2023 : les inquiétudes liées à la sécurité ne constituent plus la préoccupation principale des citoyens. La proportion de Marocains se déclarant insuffisamment ou pas du tout en sécurité a connu une baisse significative, passant de 23 % en 2016 à 15,3 % en 2023.
L’étude met également en avant une expansion massive de l’usage d’Internet dans les sphères sociale et professionnelle. Si, en 2016, la radio et la télévision jouaient encore un rôle positif dans le renforcement du lien social, leur influence s’amenuise progressivement face à l’essor du numérique.
L’enquête révèle que les réseaux sociaux sont principalement consultés pour entretenir des liens familiaux et amicaux, combattre l’ennui et se tenir informé des événements culturels. En revanche, l’utilisation d’Internet à des fins politiques reste marginale et concerne principalement une minorité active animée par la volonté d’organiser des événements politiques. L’engagement virtuel pour les causes politiques demeure ainsi nettement inférieur aux autres usages – sociaux, professionnels, culturels ou religieux – qui motivent généralement la navigation sur les plateformes numériques.
En outre, malgré un contexte économique mondial incertain, la majorité des Marocains affichent un certain optimisme quant aux perspectives économiques nationales à moyen terme. Selon les résultats de l’enquête, 37 % se déclarent confiants en l’avenir, tandis que 45 % adoptent une position neutre, traduisant ainsi une relative sérénité face aux défis à venir. Seule une minorité (18 %) exprime un pessimisme quant à l’évolution économique du pays au cours des cinq prochaines années.
Ces résultats suggèrent une société en mutation, oscillant entre défiance persistante et espoirs renouvelés, dans un contexte où les dynamiques sociales et numériques redéfinissent progressivement les fondements du lien collectif.