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La Libye prend de court l’Algérie et se retire du sommet tripartite

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Dans un geste inattendu aux allures de désaveu stratégique, la Libye a annoncé son retrait de la réunion tripartite qui devait la réunir avec l’Algérie et la Tunisie. Cette rencontre, ardemment souhaitée par Alger sous le slogan du “complémentarisme maghrébin”, visait à relancer un axe régional aux contours exclusifs. Mais le désistement de Tripoli, à la veille même de l’événement, a porté un coup dur à l’ambition algérienne de redessiner l’équilibre maghrébin à son avantage.

Selon des sources diplomatiques bien informées, la délégation libyenne a quitté Alger sans préavis ni communiqué officiel, à quelques heures seulement de l’ouverture de la rencontre. En coulisses, les indiscrétions convergentes en provenance de Tripoli et d’Alger évoquent des frictions croissantes : la Libye aurait mal digéré ce qu’elle considère comme une tentative d’ingérence algérienne dans sa souveraineté décisionnelle au sein du Maghreb. Le format, les priorités et l’ordre du jour de la réunion auraient également été jugés inappropriés par les autorités libyennes.

À travers ce retrait spectaculaire, le Conseil présidentiel libyen semble avoir voulu envoyer un signal clair : Tripoli refuse de n’être qu’un pion dans les équations régionales d’Alger, surtout dans un contexte géopolitique mouvant marqué par un rapprochement manifeste entre la Libye, le Maroc et l’Égypte. Cette dynamique vient fragiliser l’ambition algérienne d’ériger un bloc régional taillé à sa mesure.

L’épisode révèle en creux les fissures croissantes dans les relations entre Alger et Tripoli, que l’Algérie s’efforce pourtant de présenter comme stratégiques et solides. En réalité, les divergences de fond sur les orientations régionales et les velléités d’influence sont de plus en plus palpables.

Ce revers intervient alors que l’Algérie tente, non sans difficulté, de reconquérir un rôle régional influent, après une série de déconvenues diplomatiques — notamment la position du Conseil de sécurité sur la question du Sahara et le renforcement continu des alliances stratégiques du Maroc à l’échelle internationale.

Le retrait libyen, à la fois brutal et symbolique, ne met pas seulement Alger en difficulté face à une Tunisie de plus en plus pragmatique dans sa lecture des rapports régionaux. Il souligne aussi l’extrême fragilité des alliances que tente de ressusciter l’Algérie, à contre-courant des nouvelles réalités politiques et économiques qui redessinent les lignes de force au Maghreb.

À moins d’un réajustement profond de sa posture envers ses voisins, et d’une remise en question de son approche fondée sur une logique de tutelle héritée d’un autre temps, l’Algérie court le risque de s’enfermer dans un isolement croissant, à l’heure où les nouvelles alliances se construisent sur les intérêts mutuels, la coopération ouverte et le réalisme politique — bien loin des dogmes idéologiques d’un autre siècle.

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