Expert : L’annulation de l’Aïd al-Adha, une décision judicieuse pour des motifs économiques et sociaux
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Le Roi Mohammed VI a exhorté le peuple marocain à s’abstenir, pour cette année, de la traditionnelle cérémonie de l’égorgement de l’agneau de l’Aïd, en raison du déclin considérable des effectifs du bétail et de ses répercussions socio-économiques. Ce message, énoncé dans une lettre suivie d’un communiqué du Ministre des Habous et des Affaires Islamiques, Ahmed At-Tawfiq, a été diffusé dans la soirée du mercredi 26 février 2025.
Dans sa prise de position sur la question, l’économiste Mohammed Jedri a qualifié l’annulation de l’Aïd al-Adha de décision judicieuse pour de multiples raisons, la plus marquante étant une diminution de plus de 38 % du troupeau, situation qui ne laisse guère le temps au bétail de se renouveler et de retrouver sa vigueur, surtout après plusieurs années de sécheresse ayant gravement affecté le patrimoine animal et compromis son retour aux niveaux antérieurs.
Dans une déclaration accordée au journal, Jedri a également souligné que le pouvoir d’achat des citoyens était fortement érodé, transformant ainsi la célébration de l’Aïd al-Adha en un fardeau financier supplémentaire pour les ménages aux revenus modestes et la classe moyenne, en particulier dans un contexte où le prix de la viande a atteint des sommets records, dépassant les 120 dirhams le kilogramme.
Il a en outre évoqué la perspective d’une hausse des tarifs de la viande bovine, susceptible d’atteindre 200 dirhams le kilogramme, voire davantage après l’Aïd, compliquant encore davantage l’accès à ce produit pour les foyers et les établissements de restauration qui en dépendent.
L’expert économique a affirmé que l’annulation de l’Aïd al-Adha contribuerait à atténuer ces pressions économiques, tout en reconnaissant que cette décision impacterait certaines catégories dont les revenus dépendent de cette période festive. Il en découle la nécessité pour le gouvernement de mettre en œuvre des mécanismes de soutien destinés aux personnes affectées, afin de garantir la stabilité du secteur dans les mois à venir.
Dans sa lettre, suivie du message d’Ahmed At-Tawfiq, le Roi a précisé : « Dans l’exercice de la noble confiance qui nous est confiée, en tant que guide des croyants et gardien fidèle de l’accomplissement des rites religieux dans le strict respect des nécessités et des intérêts légitimes, et conformément à notre devoir d’éliminer les difficultés et de faciliter l’adoration – comme il est dit dans le verset : ‘Il n’y a aucune contrainte en religion’ –, nous enjoignons notre cher peuple de renoncer, pour cette année, à la cérémonie du sacrifice de l’Aïd. »
Il a par ailleurs ajouté qu’il procéderait lui-même, en lieu et place du peuple marocain, à l’égorgement de l’agneau, suivant ainsi la tradition de notre vénérable Prophète, que la paix et les bénédictions divines soient sur lui, lorsqu’il sacrifiait deux moutons en déclarant : « Ceci pour moi et ceci pour ma communauté. »
En outre, le Roi a invité les Marocains à célébrer l’Aïd al-Adha en respectant ses rituels traditionnels et en renouant avec ses significations spirituelles élevées – notamment à travers la prière de l’Aïd dans les salles de prière et les mosquées, le don de charité, le maintien des liens familiaux, ainsi que l’ensemble des manifestations de reconnaissance et de gratitude envers Dieu pour ses bienfaits, tout en sollicitant la récompense divine.