Financial Times : Londres opère un virage diplomatique et reconnaît de facto la souveraineté du Maroc sur le Sahara
Dans une inflexion significative de sa position historique, le Financial Times rapporte que le Royaume-Uni, membre permanent du Conseil de sécurité des Nations unies, a franchi un cap diplomatique en exprimant un soutien explicite à la souveraineté du Maroc sur la région du Sahara. Ce tournant stratégique, à la fois symbolique et pragmatique, ouvre la voie à un approfondissement des liens économiques entre Londres et Rabat, notamment à l’aube de la Coupe du Monde 2030.
Les propos tenus ce dimanche au Maroc par David Lammy, chef de la diplomatie britannique, ont été interprétés par le prestigieux quotidien comme une reconnaissance implicite mais indéniable de la souveraineté marocaine sur ce territoire disputé. Londres affirme désormais son appui à l’initiative marocaine d’autonomie présentée en 2007, qu’elle qualifie de « base la plus crédible, réaliste et pragmatique » pour une solution durable.
Ce réalignement s’inscrit dans une logique de « réalisme progressiste », doctrine qui structure la politique étrangère actuelle du Royaume-Uni, et vise à concilier principes démocratiques et intérêts stratégiques. À cet égard, Rabat est perçu comme un partenaire-clé pour le développement économique et la stabilité régionale.
Le Financial Times souligne également que cette évolution pourrait susciter des tensions notables avec Alger, soutien historique du Front Polisario, qui revendique l’indépendance de la région. Cette reconfiguration diplomatique s’aligne toutefois sur une dynamique internationale favorable à la position marocaine, amorcée notamment par la reconnaissance américaine sous l’administration Trump en 2020, suivie par l’Espagne et la France dans les années récentes.
Sur le plan économique, le Royaume-Uni entend tirer profit des opportunités offertes par le marché marocain en pleine expansion. Londres prévoit ainsi de prioriser les entreprises britanniques dans les projets d’infrastructure liés à l’organisation conjointe du Mondial 2030 par le Maroc, l’Espagne et le Portugal. Des secteurs clés comme la santé et les énergies renouvelables sont identifiés comme à fort potentiel pour les investissements britanniques.
Dans un communiqué conjoint signé à Rabat par David Lammy et son homologue marocain Nasser Bourita, le Royaume-Uni réaffirme sa volonté d’approfondir son partenariat stratégique avec le Maroc, qu’il qualifie de « porte d’entrée essentielle vers l’Afrique ». La British Export Finance, institution de soutien aux exportations britanniques, envisage de financer des projets dans les provinces du Sud, dans le cadre d’un engagement global de 5 milliards de livres sterling.
En outre, les deux pays réaffirment leur attachement au processus onusien, soulignant l’importance du rôle de l’envoyé spécial du Secrétaire général, Staffan de Mistura. En tant que membre permanent du Conseil de sécurité, Londres partage l’urgence exprimée par Rabat de clore ce dossier dans un esprit de stabilité régionale et de convergence stratégique.
