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Achraf Hakimi entre dans le "marché de la nouvelle"

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Au nom de la liberté d'expression, "Le Parisien" a choisi une fois de plus de s'attaquer à ces soi-disant masses de musulmans et d'arabes à travers l'un de ses meilleurs représentants, le footballeur marocain du PSG Achraf Hakimi.

Sans dire grand-chose si ce n'est relater un fait divers qui reste d'ailleurs à vérifier, le journal francilien s'est empressé de crier au viol : " Une jeune femme s'est rendue au commissariat ce week-end, où elle a déclaré avoir été violée par le joueur du Paris Saint-Germain. Elle aurait refusé de porter plainte, mais le parquet s'est autosaisi de l'affaire ".

On notera que les auteurs de l'article engagé n'utilisent pas le conditionnel, ils affirment un fait qui, au mieux, leur aurait été dit. Soudain, voilà nos pavloviens de l'information et adulateurs de la guerre des civilisations par excellence qui s'emparent d'une affaire encore dans son œuf.

Et nos deux philosophes autoproclamés de la plume, les journalistes Céline Carez et Laure Parny de poursuivre : " A tenant compte de la gravité des faits et de la notoriété de l'auteur présumé, l'officier de police judiciaire en service ce dimanche a immédiatement appelé sa hiérarchie, les personnels de la préfecture de police et du parquet de Créteil (Val -de-Marne) ". Blablabla... Il a à peine appelé le président de la République française.

Dans cette affaire, si affaire il y a, aucune plainte n'a été déposée contre Achraf Hakimi. La jeune femme qui aurait incriminé le footballeur et qui aurait témoigné le 26 février au commissariat de Nogent-sur-Marne (Val-de-Marne), n'aurait pas souhaité engager de procédure, se contentant d'une " déclaration de viol ". La justice se serait autosaisie de l'affaire à la lecture de l'article.

Il va sans dire que les médias occupent une place importante au sein des sociétés, notamment occidentales, en raison notamment de l'accessibilité à l'information. Le marché de l'information s'en ressent inévitablement en termes de création de l'actualité précisément lorsqu'il s'agit de faits entourant des phénomènes sociaux ou, aux yeux de certains médias, des problèmes sociaux. En conséquence, tous les "coups" sont alors permis.

C'est le cas de nos deux journalistes qui, sur le plan éthique, ont tout faux. Ils donnent l'impression d'avoir mordu la main qui leur aurait donné la liberté. Après avoir donné l'info, sur une prétendue déclaration à la police, ils racontent le fait à contrecœur et en détail, s'il vous plaît, comme s'ils en faisaient partie. Ces faux renseignements journalistiques ont eu, in fine, l'effet exactement inverse puisqu'ils ne disent pas d'où et de qui ils les tiennent. Ce sont pourtant les premiers principes de la profession.

Cela dit, le dossier serait entre les mains du parquet de Nanterre, qui " note ne souhaite pas communiquer sur cette enquête ". Personne n'a encore été entendu par les enquêteurs et les informations déjà publiées compromettraient les investigations nécessaires à la manifestation de la vérité, s'est-il dit. De plus, dans le cadre d'une simple "déclaration", le mis en cause n'aurait pas à être convoqué au commissariat.

Malheureusement, les médias en France quel que soit l'événement, surtout lorsqu'il s'agit de sexe et de surcroît d'un individu à la peau foncée, on présente le fait avec les mêmes croquis, les mêmes raccourcis et les mêmes analyses. Les anciens colonisateurs parlent donc de leurs anciens indigènes ni plus ni moins. C'est le même refrain depuis que l'occupant a été prié de quitter le "pré-carré" forcé en cela par la soif de libertés des peuples libérés.

Au passage, sans vouloir amalgamer les tensions actuelles entre la France et le Maroc et l'affaire Hakimi, il est utile de rappeler que l'auteur présumé d'un acte, si acte il y a, évidemment déplorable et répréhensible, a été rapidement désigné, identifié et pointé du doigt avant même l'ouverture de la moindre enquête. Nous assistons au lexique de l'argument imparable. Désormais, donc, tous ceux qui s'aventurent un tant soit peu sur le terrain de la critique, de la désapprobation ou même de la simple et légitime interrogation ne sont plus admis. Où va la France ?

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