Lectures de la dernière réunion à huis clos du Conseil de sécurité et du briefing de di Mistura sur le Sahara marocain
Le Conseil de sécurité a tenu une réunion de concertations sur le dossier du Sahara marocain à New York et qui sont au nombre de quatre concertations objet de la décision n° 2654 du Conseil, adoptée le 27 octobre de l’année dernière.
Ainsi et selon des sources diplomatiques très similaires et proches, les membres du Conseil de sécurité ont reçu un briefing de la part de Staffan Di Mistura, ainsi que d’Alexander Ivanko Représentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO.
Suite à cette réunion, plusieurs lectures par les spécialistes et chercheurs marocains ont eu lieu dont voici un extrait :
Selon le Professeur Miloud Belcadi, Président de l’Observatoire Marocain des Études Stratégiques et Politiques, on ne peut s’attendre à aucune décision définitive de la part du Conseil de sécurité vu les complications multiples.
Mr Belcadi souligne que le Conseil de sécurité est de plus en plus conscient de la responsabilité de l’Algérie dans le retard des avancements sur ledit dossier puisqu’elle continue à rejeter toutes les décisions du Conseil de sécurité et prétendre que le conflit n’intéresse que le Maroc et le front du polisario. Une manigance pour dissoudre sa part de responsabilité, rester dans l’ombre et esquiver la table des négociations.
D’autant plus, et selon plusieurs sources, Di Mistura s’affronte, depuis sa nomination en octobre 2021, à toute une série de défis régionaux et internationaux qu’il ne va pas hésiter à étaler devant les membres du Conseil dans des réunions closes et dont principalement le moyen d’assoir toutes les parties à la table des négociations puisque les résolutions 2654 et 2606 insistent sur le suivi des pourparlers afin d’arriver à une solution politique logique, équitable et permanente en dépit de l’obstination algérienne.
Toujours selon Mr Belcadi, il existe plusieurs raisons qui empêcheraient le Conseil de prendre une décision ferme parmi lesquelles il cite la menace du ploisario de transgresser le traité du cessez le feu signé en 1991, l’embargo imposé sur les transferts logistiques du Minurso, la situation des droits de l’Homme au sein des camps de Tindouf puisque le Commission politique des Droits de l’Homme n’a pas pu effectuer aucune visite en sept ans.
L’autre élément et c’est l’essentiel de tous réside dans la reconnaissance des États Unis de la souveraineté du Maroc sur ses provinces en 2020 et son approbation par l’administration du présent président Joe Biden ainsi que le soutien de la France, membre permanent au Conseil de sécurité et récemment l’Espagne.
Tous ces facteurs complexes rendent la prise d’une décision ferme un peu difficile mais entre-temps, il peut y avoir un manifeste officiel ou un communiqué qui mettra en exergue les efforts de Di Mistura ainsi que la continuation des pourparlers.
Le Conseil de sécurité s’est arrêté au cours de sa réunion sur les l’injustice et les agressions algériennes. C’est au fait le point de vue du Dr. Mohamed Bentalha Doukali, Président du Centre National d’Études et de Recherches sur le Sahara, Professeur des sciences juridiques, économiques et sociologiques à Marrakech. Et d’ajouter que le Conseil n’est pas arrivé à une décision ferme mais qu’il a bien apprécié la proposition du Maroc comme solution logique pour clore ce dossier, en plus du briefing de Staffan Di Minustra et le rreprésentant spécial du Secrétaire général pour le Sahara occidental et Chef de la MINURSO, Alexander Ivanko.
Et de poursuivre que le conseil de sécurité réitère toujours son soutien à la marocanité du Sahara ainsi qu’au plan de l’autonomie, considéré comme la solution parfaite, juste et définitive traduite par l’article 25.48.
Toujours dans le même contexte, Doukali a souligné que le Conseil de sécurité est en mesure de distinguer entre la partie qui s’abstient et refuse toute solution à ce conflit présumé par rapport aux autres, faisant en même temps référence au spécialiste mexicain Pedro Diaz qui a fait la même remarque sur le portail électronique Lafordiarbi. A noter également que le Conseil de sécurité a rappelé au régime algérien de tenir ses engagements internationaux, en particulier son refus de recenser la population de Tindouf et que l’Algérie est seule responsable des violations des droits de l’Homme qui ont lieu sur ses territoires en plus de celles par la junte du polisario de tous les coutumes et pactes internationaux comme l’enrôlement des enfants des camps et leur exploitation pour des fins de guerre. C’est ce qui représente un défi énorme des résolutions du Conseil de sécurité et des pactes internationaux.
Il faut prendre en considération la position neutre et positive de la Russie à l’égard du présumé conflit. En effet, la présente réunion du Conseil de sécurité est présidée par la Russie et à cet effet, selon Naoufel Al Bâamrani, expert en politique et spécialiste des affaires du Sahara marocain, on devait normalement s’attende à une surprise surtout que l’Algérie est un allié principal de la Russie dans la région. Cependant, et suite au briefing présenté par l’émissaire, Di Mistura , la Russie a gardé une attitude neutre à l’égard du dossier surtout que le Conseil de sécurité s’est adressé directement à l’Algérie pour faciliter la tâche à ce dernier comme le stipule d’ailleurs l’article 2654.
Et pour conclure, Al Bâamrani a noté que le briefing a conservé le même cursus que suit le dossier que ce soit dans le cas où l’émissaire réussira à amener l’Algérie à la table des négociations et l’obliger à s’engager sérieusement dans les pourparlers afin de passer à la 2ème phase comme ceux de Genève 1et 2, ou dans le cas où l’Algérie continuera dans son dédain et s’opposera à la sortie de ce gel qu’elle a causé au niveau des efforts du Conseil de sécurité pour mettre fin à ce conflit présumé. L’essentiel, ajoute Al Bâamrani, la solution proposée par le Maroc demeure la seule approuvée et soutenue par le Conseil de sécurité.
De son côté Mohamed Salem Abdelfattah, président de l’Observatoire sahraoui des médias, il s’est focalisé sur l’évolution que ce soit politique ou sur le terrain que connait le dossier et qui s’est couronnée par l’ouverture de plusieurs consulats dans les provinces du sud en particulier à Lâayoune et Dakhla, conçues comme une preuve indiscutable de la souveraineté du royaume sur l’ensemble de ses territoires en plus du retrait de plusieurs pays de leur reconnaissance de l’État imaginaire la RASD.
Quant aux défis auxquels l’émissaire du conseil de sécurité doit faire face, Adelfettah a évoqué la position frénétique de l’Algérie et l’accusation de son président Abdelmajid Tebboune de l’Organisation de l’Union Africaine de sa connivence avec le Maroc. Comme il a rappelé la position de l’Espagne que le président algérien a qualifié de trahison et qui a déclaré d’ailleurs lors d’un entretien à Al Jasera que les relations entre le Maroc et son pays ont atteint un point de non-retour. Au niveau des camps de Tindouf, Abdelfettah a fait allusion au dernier congrès du polisario ainsi que les conditions inhumaines dont vit la population des camps et qui ne cesse des préoccuper des ONG ainsi que des observateurs du monde entier. Une situation d’instabilité qui menace même la mission du MINURSO et les délégations des droits de l’Homme.
De son côté, Ahmed Barikla, premier secrétaire du mouvement « Sahraouis pour la paix », il a pointé du doigt l’Algérie comme étant une partie essentielle dans le conflit présumé, précisant qu’il est temps pour le polisario de comprendre que sa junte n’est plus celle des années soixante-dix. Comme il a ajouté que l’Algérie doit prendre conscience que la majorité des sahraouis ne souhaite en aucun cas être représentée par la junte du polisario et qu’elle aspire avec impatience à une solution pacifique tout en rappelant à l’Algérie son poids et ses responsabilités dans la région au niveau de la paix et de la sécurité.
Pour le Dr Moussaoui Al Aajlaoui, il estime que le contenu de la dernière réunion et compte tenu du briefing de l’émissaire Staffan Di Minustra , il va falloir au Conseil d’envoyer d’une manière permanente un courrier à tous les membres pour leur faire savoir qu’il s’intéresse toujours à ce dossier. Une raison, d’ailleurs pour laquelle la demande s’est articulée sur le point 11 de la décision afin que ce briefing soit finalisé dans six mois avant la prolongation de la mission de la délégation. Comme il a insisté sur le soutien de l’émissaire et qui est par la même occasion une prise de considération des réalisations de son prédécesseur au niveau des quatre parties concernées ainsi que des tables rondes.
Toujours en relation avec le sujet, Mohamed Nachtaoui, professeur des relations internationales à l’université Cadi Ayad, il a de sa part souligné que le but de ces concertations closes, était de mettre au courant le Conseil de sécurité sur l’évolution du dossier du Sahara marocain suite aux visites et entretiens de l’émissaire Di Minustra dans la région. Des changements qui restent autour des résolutions 2654 et 2602 et qui prouvent bien qu’aucune solution n’est possible dans l’absence de l’Algérie de la table des négociations et c’est le même constat des rapports de l’ex-émissaire Horst Köhler.
Reste à noter que Nachtaoui.a fait remarquer qu’en dépit du changement des membres permanents du Conseil de sécurité durant ses sessions, ce dernier tient note de l’initiative marocaine de l’autonomie, solution juste et logique dudit conflit d’une part et du développement économique et social que connaissent toutes les provinces du sud d’une autre part.