En seulement quelques heures, Sébastien Lecornu est devenu le Premier ministre le plus éphémère de la Ve République. Lundi 6 octobre, le Normand de 39 ans a présenté sa démission à Emmanuel Macron, moins d’une journée après l’annonce de son gouvernement. Lors d’une brève allocution à Matignon, il a reconnu l’impossibilité de gouverner dans un contexte où les conditions politiques ne lui permettaient pas d’exercer pleinement ses fonctions.
Cette démission marque un nouveau chapitre dans une instabilité politique chronique : depuis la dissolution de l’Assemblée nationale en juin 2024, la France connaît une succession de gouvernements fragilisés. François Bayrou, puis Michel Barnier, et désormais Lecornu, ont tous échoué à rassembler une majorité solide.
Vers une recomposition politique délicate
Le président Macron doit désormais choisir un successeur capable de rétablir l’équilibre. Plusieurs options sont évoquées : une personnalité du centre pour reconstruire le bloc central, comme Yaël Braun-Pivet, ou un Premier ministre issu de la gauche, solution soutenue par certains membres de Renaissance et des ministres de l’aile progressiste du gouvernement. Cette dernière option entraînerait cependant la perte du soutien des partis de droite, fermement opposés à un tel choix.
Les analystes politiques soulignent la complexité de la situation : « Le socle central est fracturé, les oppositions se renforcent et aucun candidat ne semble capable de réunir la majorité nécessaire », commente Benjamin Morel, constitutionnaliste.
Dissolution ou destitution : des scenarii inédits
L’échec de Lecornu relance les appels à une dissolution anticipée de l’Assemblée nationale. Marine Le Pen et plusieurs responsables de LR estiment que de nouvelles élections législatives pourraient stabiliser la situation, tandis que les communistes et La France insoumise plaident pour une intervention parlementaire directe, incluant la possibilité d’une destitution présidentielle. Depuis 2007, cette procédure n’a toutefois jamais abouti.
Dans le même temps, certains appellent à une démission volontaire d’Emmanuel Macron, estimant que cela permettrait de sortir de l’impasse et d’organiser de nouvelles élections dans l’intérêt général. Jusqu’ici, le président a écarté cette option, malgré la multiplication des voix critiquant son obstination et le blocage institutionnel.
Une France en quête de stabilité
La situation actuelle met en lumière la fragilité du pouvoir exécutif face à une Assemblée divisée et à des alliances politiques éclatées. Alors que la nécessité d’adopter un budget avant la fin de l’année devient pressante, le président Macron se retrouve sous une pression politique sans précédent. L’avenir immédiat du gouvernement français reste incertain, et la recomposition de la majorité semble désormais le seul moyen d’éviter une crise prolongée.