Le Bureau national du Syndicat national des fonctionnaires de l’enseignement supérieur et des cités universitaires, affilié à la Confédération démocratique du travail (CDT), a ravivé la tension avec le ministère de l’Enseignement supérieur. Dans un communiqué publié mardi matin, la centrale syndicale accuse le département ministériel de tergiverser dans l’application de ses engagements et de renier les promesses du dialogue social, annonçant une série d’arrêts de travail d’une ampleur inédite, totalisant onze jours de grève à l’ouverture du nouveau calendrier universitaire.
Le programme de contestation, décrit comme “escalade sans précédent”, débutera par une grève de 48 heures les 2 et 3 septembre, suivie d’un arrêt de trois jours (9, 10 et 11 septembre) marqué par une manifestation devant le siège du ministère le 10 septembre. Trois autres journées de grève sont prévues les 17, 18 et 19 septembre, avant un ultime mouvement du 30 septembre au 2 octobre, accompagné d’un sit-in devant le ministère de l’Économie et des Finances le 1er octobre.
Selon le communiqué, cette radicalisation est la conséquence de l’épuisement de toutes les tentatives de concertation. Le syndicat dénonce le passage en force du ministère qui a soumis, en plein été, un projet de loi sur l’enseignement supérieur à l’ordre du jour du Conseil de gouvernement du 28 août, sans la moindre consultation de la “principale organisation représentative du secteur”, alors même qu’il s’était engagé à l’associer à la rédaction des textes législatifs.
Les syndicalistes expriment également leur amertume face aux retards accumulés depuis janvier pour la publication du statut fondamental des fonctionnaires de l’enseignement supérieur, pourtant déjà validé de manière consensuelle. Pendant ce temps, le ministère, accusent-ils, accélère l’adoption d’un projet de loi “truffé de failles” et tente de marginaliser la CDT en privilégiant un dialogue parallèle avec d’autres organisations “plus conciliantes”.
Le communiqué met en lumière un autre volet jugé “scandaleux” : le recours massif, sous l’impulsion du ministère, à des étudiants et à des employés de sous-traitants pour accomplir des tâches administratives normalement dévolues aux fonctionnaires, en violation des usages et du droit. Pour le syndicat, ces pratiques visent à briser les grèves et traduisent un “mépris institutionnalisé” du rôle des personnels, aggravant la crise au lieu de la résoudre.
Face à cette situation, le syndicat appelle ses adhérents à la mobilisation totale, estimant que la conjoncture actuelle est “historique et ne souffre aucun relâchement”. À travers cette stratégie d’épreuve de force, la CDT entend contraindre le gouvernement à réhabiliter le dialogue social comme levier central de gestion des conflits.
En outre, l’enseignement supérieur s’apprête à vivre une rentrée universitaire particulièrement troublée, marquée par l’entremêlement de revendications sociales en suspens depuis des années et de réformes législatives que l’exécutif veut faire passer sans consensus. Plus qu’un simple désaccord technique, la crise semble désormais s’inscrire dans une lutte ouverte autour de la représentativité syndicale et des modalités mêmes de fabrication de la décision publique dans l’un des secteurs les plus stratégiques du pays.