L’Égypte suspend temporairement les contrôles sanitaires sur les exportations alimentaires vers le Maroc
L’Autorité nationale de sécurité sanitaire des aliments (Anssa) d’Égypte a annoncé, samedi 22 février, la suspension temporaire des procédures de contrôle des exportations alimentaires destinées au Maroc. Cette décision intervient en réponse à l’accumulation de cargaisons de produits agricoles et agroalimentaires égyptiens dans les ports marocains, où les délais de dédouanement se sont considérablement allongés.
Un gel immédiat des contrôles à l’export
Dans une circulaire adressée aux directeurs régionaux et aux inspecteurs aux frontières, le président de l’Anssa, Ashraf Mohamed Sami, a ordonné « la suspension immédiate de toutes les inspections et contrôles sanitaires appliqués aux exportations alimentaires à destination du Maroc. » Cette mesure concerne l’ensemble des produits soumis aux exigences du Règlement sanitaire international (RSI), y compris les denrées périssables et les produits agro-industriels.
L’objectif est d’éviter que de nouvelles cargaisons ne viennent s’ajouter aux lots déjà bloqués dans les ports marocains. L’Anssa précise néanmoins que les exportateurs restent tenus de respecter les normes sanitaires en vigueur avant toute reprise des expéditions.
Un engorgement préoccupant dans les ports marocains
Cette décision intervient alors que les infrastructures portuaires marocaines font face à une congestion accrue. Des contrôles sanitaires renforcés, combinés à une saturation des entrepôts frigorifiques, ont entraîné des retards dans la distribution des produits agricoles, notamment des agrumes, des pommes de terre et des produits transformés.
Les exportateurs égyptiens dénoncent une lenteur administrative accrue, notamment dans le traitement des certificats phytosanitaires et des analyses de conformité, ce qui impacte directement la rentabilité des expéditions et accroît le risque de détérioration des marchandises. Plusieurs fédérations agricoles ont ainsi appelé à une meilleure coordination entre les autorités marocaines et égyptiennes pour éviter d’importantes pertes économiques.
Des répercussions sur les échanges commerciaux
Le Maroc constitue un marché clé pour les exportateurs agroalimentaires égyptiens, avec des échanges dépassant les 350 millions de dollars en 2024, selon le ministère égyptien du Commerce et de l’Industrie. Une interruption prolongée des contrôles sanitaires pourrait non seulement perturber cet équilibre commercial, mais aussi affaiblir la position des entreprises égyptiennes face à la concurrence internationale, notamment européenne et sud-américaine.
D’un point de vue réglementaire, l’absence de contrôles préalables en Égypte risque d’induire un durcissement des inspections à l’arrivée, allongeant davantage les délais de traitement aux frontières.
Vers une solution concertée ?
Face à cette situation, les autorités égyptiennes envisagent d’engager des discussions avec l’Office national de sécurité sanitaire des produits alimentaires (ONSSA) marocain pour faciliter le déblocage des cargaisons en attente.
Si aucune date n’a été précisée pour la levée de cette suspension, des acteurs du secteur estiment que cette crise pourrait accélérer la mise en place d’un cadre de coopération bilatéral plus structuré afin d’optimiser le transit des produits alimentaires et prévenir de futurs engorgements.
