Un récent rapport de l’Institut Royal des Études Stratégiques (IRES), publié le 27 mai, met en évidence les conséquences néfastes des choix et orientations des politiques publiques dans le secteur agricole marocain sur les ressources hydrologiques.
Le rapport pointe du doigt sur une approche qui privilégie l’augmentation de l’offre à la gestion de la demande, conduisant à un épuisement progressif des ressources hydriques traditionnelles. En effet, depuis le lancement de sa politique des barrages en 1960, le Maroc s’est concentré sur la construction d’infrastructures hydrauliques pour répondre aux besoins croissants du pays en matière d’eau. Cette stratégie a permis de sécuriser l’accès à l’eau potable et à l’irrigation dans certaines zones, mais elle a négligé la dimension de la gestion de la demande, notamment dans le secteur agricole.
Le rapport critique notamment le Programme National d’Économie d’Eau en Irrigation, mis en place dans le cadre du Plan Maroc Vert. Ce programme, censé promouvoir des techniques d’irrigation économes d’eau, a paradoxalement encouragé le développement d’une irrigation privée non réglementée. Cette expansion incontrôlée a conduit à une surexploitation des nappes phréatiques, mettant en péril la durabilité du secteur agricole.
L’IRES met en cause les carences des politiques publiques agricoles, qui ont longtemps manqué d’une vision globale et intégrée, négligeant les interactions entre l’agriculture, le monde rural et l’environnement. Le manque de spécialistes et de systèmes d’information fiables a également contribué à l’adoption de politiques inefficaces et non durables.
Le rapport recommande une série de mesures pour remédier aux lacunes identifiées :
- Mettre en place des systèmes d’information fiables et transparents pour une meilleure gestion des ressources en eau.
- Soumettre les politiques publiques à une évaluation rigoureuse et indépendante afin de mesurer leur efficacité et d’identifier les domaines à améliorer.
- Assurer un suivi concret des recommandations des évaluations et tirer pleinement parti des leçons apprises.
- Adopter une vision globale et intégrée des politiques agricoles, prenant en compte les interactions entre l’agriculture, le monde rural et l’environnement.
- Renforcer les capacités des instances de décision en matière de gestion de l’eau et de développement durable.
Le rapport de l’IRES lance un coup de semonce sur l’urgence de repenser les politiques agricoles et de gestion de l’eau au Maroc. Une transition vers une approche plus durable et responsable est nécessaire pour préserver les ressources en eau vitales pour le présent et l’avenir du pays.