D’après la Haute Commission de Planification (HCP), le nombre d’enfants travailleurs au Maroc a connu une baisse importante en 2023, atteignant 110 000 enfants âgés de 7 à 17 ans, soit 1,4% de la population enfantine de cette tranche d’âge. Cette donnée, révélée dans une note commémorant la Journée mondiale contre le travail des enfants, met en lumière des disparités et des défis persistants à relever.
Malgré cette tendance positive, il est alarmant de constater que 63% de ces enfants exercent des travaux dangereux. Le secteur du bâtiment et des travaux publics concentre le plus grand nombre d’enfants exposés à ces risques (80,8%), suivi par l’industrie (79,3%), les services (77,7%) et l’agriculture, la sylviculture et la pêche (53%).
La prévalence du travail des enfants est plus marquée en milieu rural (88 000 enfants) qu’en milieu urbain (22 000 enfants). De plus, les garçons sont plus touchés par ce phénomène que les filles (85,6% contre 14,4%).
Si l’on compare à 2017, une réduction considérable de 55% du nombre d’enfants travailleurs est observable. En effet, ce chiffre était de 247 000 enfants à cette époque.
L’analyse sectorielle révèle une concentration des enfants travailleurs dans des domaines spécifiques selon le milieu de résidence. En milieu rural, 74,1% d’entre eux sont actifs dans l’agriculture, la sylviculture et la pêche, tandis qu’en milieu urbain, les services (51%) et l’industrie (28,1%) constituent les principaux secteurs d’emploi des enfants.
La note de la HCP souligne que le travail des enfants affecte 77 000 familles, soit environ 1% des foyers marocains. Ces familles sont majoritairement rurales (55 000 familles contre 22 000 en milieu urbain) et 8,5% d’entre elles sont dirigées par des femmes.
Les données révèlent également un lien entre le travail des enfants et la taille du foyer ainsi que le niveau d’éducation du chef de famille. La proportion des familles comptant au moins un enfant travailleur est de 0,4% pour les foyers de trois personnes et augmente progressivement avec la taille du foyer pour atteindre 2,5% chez les familles de six personnes ou plus.
De même, la proportion des familles dirigées par une personne sans niveau d’éducation est de 1,2%, tandis qu’elle est quasi inexistante chez les familles dont le chef de famille a un niveau d’éducation élevé.
En ce qui concerne la répartition des activités professionnelles des chefs de famille d’enfants travailleurs, 41,5% d’entre eux proviennent de familles dirigées par des exploitants agricoles, 24% par des ouvriers ou des manœuvres, 20,8% par des employés, des commerçants, des gérants d’équipements ou des artisans, et 13,6% par des personnes inactives. La présence d’enfants travailleurs est quasi inexistante dans les familles dirigées par des cadres supérieurs.
Si des progrès notables ont été accomplis dans la lutte contre le travail des enfants au Maroc, des efforts soutenus sont encore nécessaires pour éliminer définitivement ce fléau. La mise en œuvre de politiques publiques ciblées, l’amélioration de l’accès à l’éducation et la sensibilisation des communautés sont des éléments clés pour garantir la protection des droits des enfants et leur permettre de s’épanouir pleinement.