Alors qu’Achraf Hakimi s’affirme comme un prétendant sérieux au Ballon d’Or 2025, une vieille affaire judiciaire refait surface, ravivant les tensions autour du latéral marocain. L’acharnement médiatique, les irrégularités procédurales et le timing de cette relance soulèvent de nombreuses interrogations, bien au-delà du simple cadre judiciaire.
Mis en examen en mars 2023 pour des faits présumés de viol, Hakimi avait rapidement fait les gros titres de la presse française et internationale. Pourtant, dès l’origine, le dossier présente de nombreuses zones d’ombre. Comme l’a souligné le Club des Avocats au Maroc, l’enquête a été déclenchée sur la base d’une simple déclaration, sans dépôt de plainte, sans certificat médical et sans coopération immédiate de la plaignante.
Un démarrage de procédure inhabituel, marqué par l’absence d’éléments médico-légaux, qui jette un doute sur la rigueur de l’enquête. Plus troublant encore : près de deux ans et demi se sont écoulés entre la mise en examen et le réquisitoire définitif du parquet, un délai qui semble incompatible avec les standards du « délai raisonnable » en matière de justice.
Des messages compromettants ignorés
L’enquête a révélé un volet peu relayé dans les médias : des échanges entre la plaignante, Amélie (nom d’emprunt), et une amie proche, Nadia. Sur le téléphone de cette dernière, les enquêteurs découvrent des messages omis par Amélie, dont certains envois, quelques minutes avant la rencontre avec Hakimi, révèlent des intentions ambiguës.
À 0h48, Amélie écrit : « Ah j’ai le démon mdrr ». Nadia l’incite à jouer la séduction, à « choper les codes » et ajoute : « On va aller le dépouiller. On est des meufs de la cailler ». Elle lui recommande même d’écouter le titre À l’abri de Fresh la Peufra, aux paroles évocatrices : « J’ai pas eu le choix, que prendre ce risque pour mettre la miff à l’abri ».
Autre message révélateur : à 1h15, peu avant de rejoindre Hakimi, Amélie déclare vouloir « coucher avec lui ». Elle attend en bas de chez le joueur sans donner l’adresse exacte à son chauffeur Uber, un comportement difficilement compatible avec celui d’une victime sous contrainte.
Lorsque l’enquête s’accélère, Nadia demande à Amélie quels messages ont été montrés à la police, suggérant d’en supprimer certains. Face aux enquêteurs, les deux jeunes femmes minimisent la teneur des échanges, évoquant de simples blagues ou un moyen de « déstresser ».
Bien que ces éléments ne suffisent pas à eux seuls à invalider la procédure, ils jettent un sérieux doute sur la cohérence et la sincérité du récit initial.
Mbappé entendu par la police
Selon une enquête du journal L’Équipe, Kylian Mbappé a été entendu en avril 2023 par la police judiciaire. Il aurait livré un témoignage favorable à son ancien coéquipier :
« Il m’a dit qu’il y avait eu des caresses mutuelles sur des parties intimes, mais qu’à aucun moment il n’avait perçu de refus de la part de la jeune femme. »
Ce témoignage vient renforcer la thèse d’un acte consenti, dans un dossier déjà fragilisé par l’absence de preuves matérielles ou médicales. L’avocate d’Hakimi, Me Fanny Colin, dénonce d’ailleurs des réquisitions « insensées » et des expertises psychologiques « contradictoires ».
Une relance au moment du Ballon d’Or
La relance médiatique de cette affaire coïncide avec une période stratégique : celle de la course au Ballon d’Or. Hakimi, auteur d’une saison remarquable avec le PSG et la sélection marocaine, figure parmi les favoris. Mais dans le même temps, une partie de la presse française semble s’engager fortement en faveur d’Ousmane Dembélé, autre joueur du PSG.
Ce synchronisme a fait réagir : sur les réseaux sociaux, de nombreux supporters dénoncent un « sabotage » visant à nuire à la candidature d’Hakimi, au moment où plusieurs figures du football international saluent sa saison exceptionnelle.
Face à ces dérives, le Club des Avocats au Maroc a annoncé la création d’une commission indépendante pour suivre l’évolution de l’affaire, veiller au respect des droits de la défense et garantir un procès équitable.
« Nous ne remettons pas en cause l’indépendance de la justice française. Mais nous attendons d’elle qu’elle respecte ses propres règles de procédure », a déclaré Me Mourad Elajouti, président du Club.
Bien plus qu’une affaire de justice
L’affaire Hakimi dépasse désormais le strict cadre judiciaire. Elle interroge sur la manière dont les accusations sont médiatisées, sur la fragilité des principes fondamentaux comme la présomption d’innocence et sur l’équité dans le traitement des personnalités publiques.
Alors que la saison des distinctions individuelles s’annonce, Achraf Hakimi devra livrer un combat bien plus ardu que celui des terrains : celui de sa réputation, face à une opinion publique trop vite orientée, et à un système judiciaire sous le regard attentif de l’opinion internationale.