À l’approche du Mondial 2030, le Maroc multiplie les chantiers d’infrastructure pour se préparer à accueillir ce rendez-vous planétaire. Mais au-delà des stades, des routes et des hôtels, un autre chantier, plus discret mais tout aussi essentiel, interpelle : celui du civisme au quotidien.
Selon une enquête menée par le Centre marocain pour la citoyenneté (CMC), une majorité de Marocains se disent préoccupés par la dégradation des comportements dans l’espace public.
Les chiffres sont sans appel :
84 % des sondés dénoncent une agressivité croissante dans les services touristiques,
81 % pointent le manque de propreté dans les lieux publics,
69 % évoquent le harcèlement dans l’espace public,
Et seuls 12 % jugent le niveau de politesse satisfaisant.
Derrière ces chiffres se cache une réalité sociale plus profonde : l’érosion progressive des valeurs de respect, de responsabilité collective et de vivre-ensemble, autrefois au cœur de l’identité marocaine. Le phénomène traduit une fatigue sociale diffuse, nourrie par les tensions du quotidien et l’affaiblissement du lien civique.
Le président du CMC tire la sonnette d’alarme :
« Le civisme n’est plus spontané. Il doit désormais être enseigné, structuré et valorisé dès le plus jeune âge. »
Pour les experts, le vrai défi du Maroc pour 2030 ne se résume pas à la logistique ou à l’économie, mais se joue aussi sur le terrain éducatif et culturel. Il s’agit de réconcilier la modernité avec les valeurs fondamentales du respect mutuel et de la citoyenneté.
En accueillant le monde dans quelques années, le Maroc devra non seulement briller par ses infrastructures, mais aussi par la qualité de son accueil, de son civisme et de son image. Un chantier à part entière, peut-être le plus important.