Le ministre de l’Agriculture, Ahmed Bouari, a dressé un état des lieux préoccupant de la situation hydrique et agricole au Maroc lors d’une conférence de presse tenue ce jeudi à l’issue du Conseil de gouvernement. Il a souligné que la saison agricole actuelle est marquée par des précipitations « très faibles », bien en deçà de la moyenne des 30 dernières années.
Selon le ministre, le déficit pluviométrique atteint 53% par rapport aux normales saisonnières. Bien que les premières pluies de septembre aient été encourageantes, les précipitations enregistrées au cours des deux mois suivants ont été inférieures à 20 millimètres, impactant fortement le couvert végétal et les cultures automnales.
Les conséquences de cette sécheresse sont visibles sur l’ensemble du territoire, à l’exception de la région du Loukkos, où environ 25% du couvert végétal se maintient dans des conditions relativement favorables.
Une situation alarmante pour les ressources en eau
Sur le volet hydrique, Ahmed Bouari a révélé que les apports en eau dans les barrages depuis le début de la saison n’ont pas dépassé 1,2 milliard de m³, un niveau bien inférieur aux moyennes habituelles. Le ministre a alerté sur le troisième recul consécutif du niveau des barrages, citant des exemples préoccupants :
Doukkala : 2% de taux de remplissage, avec des agriculteurs n’ayant pas accès à ces eaux depuis six ans.
Tadla : 5%
Al Haouz : 13%
Souss-Massa : 15%
Moyenne nationale des barrages agricoles : 26%, avec une grande partie de ces ressources détournées vers l’eau potable, notamment pour Casablanca.
Face à cette situation critique, le ministre a rappelé la stratégie de dessalement de l’eau de mer, qui vise à sécuriser l’approvisionnement en eau potable des villes côtières, permettant ainsi de libérer l’eau des barrages pour l’agriculture et d’étendre les surfaces irriguées d’environ 100 000 hectares.
Un soutien gouvernemental aux agriculteurs
Malgré ces conditions défavorables, les agriculteurs marocains poursuivent leurs efforts pour maintenir la production agricole, a salué Ahmed Bouari. Pour les soutenir, le gouvernement a mis en place plusieurs mesures, notamment :
1,3 million de quintaux de semences subventionnées
200 000 tonnes d’engrais azotés
Aides de 2 dirhams/kg pour l’orge et les aliments composés destinés au bétail
Subventions pour les semences de tomates, pommes de terre et oignons afin de stabiliser la production.
« Malgré le manque de pluies et d’eau dans les barrages, les marchés continuent d’être approvisionnés en produits agricoles », a conclu le ministre, rendant hommage à la résilience des agriculteurs marocains.